Peinture de gestes
Avec Tableaux, le Magasin propose une nouvelle exposition collective dite « concept ». Et, qui dit concept dit nécessité de voir (ou entrevoir) plus que le simple résultat qu'est l'œuvre : la promesse d'une problématique aux réponses en panache. Laetitia Giry

L'entreprise est loin d'être vaine, elle revendique le pouvoir de repenser le cadre du tableau, en le redéfinissant comme une ouverture sur la fiction - un champ de possibles -, en se le réappropriant comme représentation d'une scène propice au développement d'une idée - au même titre qu'au théâtre ou au cinéma. La première salle, envahie par Tomàs Espina, respire l'air vicié de l'illusion perdue. Sombre et brûlée, elle est le cocon sali de la volonté de faire pénétrer le visiteur à l'intérieur du tableau : là où se mêleront l'envie de comprendre et la clé prévue à cet effet. L'artiste affirme vouloir faire ressentir le « dernier souffle », celui libéré par la potentielle victime d'un potentiel accident. Tout se joue dans le conditionnel, le goudron a été carbonisé à dessein, il est un élément du décor : il est fiction, porte ouverte sur le chaos. Plus loin, face aux larges tentures pas spécialement élégantes de Jessica Warboys, se noue une autre intrigue : d'où provient cette sensation de paix ? A nouveau, la réponse est dans la méthode. Ses Sea Paintings Dunwich sont dessinés par le remous de la mer, le sable chatouillant la fibre et les pigments sous l'effet d'un vent doux de l'est de l'Angleterre. Laissé libre et à l'abandon, soumis au bon vouloir des éléments, le tissu se marbre d'un mouvement aléatoire à la rythmique reconnaissable entre toutes : celle de la respiration, après la tempête.Tableaux
Au Magasin - CNAC jusqu'au 4 septembre 2011