Insidious
James Wan applique le principe du «less is more» dans ce remarquable film d'épouvante à l'ancienne qui rappelle opportunément l'objectif du genre : faire peur !Christophe Chabert

Si Insidious fait la différence, c'est dans le soin apporté pour maximiser à l'écran ses maigres moyens, véritable manifeste pour un cinéma d'horreur pauvre en budget mais riche en idées. Wan rappelle ainsi que pour créer l'effroi, il n'y a pas besoin de multiplier les décors, mais de savoir les mettre en scène en réfléchissant à l'endroit où l'on pose sa caméra, à la vitesse où on la déplace et à la manière dont les comédiens interagissent avec cet espace et dans cette durée. Les effets spéciaux, essentiellement mécaniques et réalisés sur le plateau, sont ainsi bien plus efficaces que tous les bidouillages numériques qui inondent le cinéma d'horreur contemporain. Wan met en abyme cet artisanat lorsqu'il fait débarquer dans le récit deux geeks qui ont fabriqué eux-mêmes leurs instruments pour détecter les présences démoniaques. Cela conduit à une séquence mémorable où l'angoisse naît de quelques ampoules de flash qui explosent, suggérant sans la montrer l'arrivée du mal. Dans son crescendo final, Insidious se fait plus figuratif, mais conserve cette puissance de littéralité : un diable est un diable, une sorcière une sorcière. Ce pourrait être grossier, c'est passionnant... Cette manière primitive de représenter la peur fait écho à la réussite globale du film, qui cherche à effrayer comme si aucun autre ne l'avait fait avant lui, sans cynisme et avec un amour sincère du genre.Insidious
De James Wan (ÉU, 1h42) avec Rose Byrne, Patrick Watson...