The Murderer
Un peu complexe dans son intrigue, mais dément dans son crescendo de violence et d'action, The Murderer confirme, après The Chaser, que Na Hong-jin est un des nouveaux grands noms du cinéma sud-coréen.Christophe Chabert

Difficile pour le spectateur occidental de saisir tous les enjeux, notamment politiques et linguistiques, de cet imbroglio. On notera toutefois que Na Hong-jin reprend à son compte le vieux projet de Wong Kar-wai : créer une fiction pan-asiatique, où des comédiens de différentes nationalités se retrouveraient dans un même écheveau narratif. Ce n'est cependant pas la finalité de The Murderer. Une fois lancée, la poursuite n'est plus qu'un prétexte pour un hallucinant ballet de violence urbaine que le cinéaste traite avec une sauvagerie primale qui rappelle certains McTiernan. L'usage de l'arme à feu est notamment proscrit du film, le seul tir étant celui, comique, d'un flic maladroit. En revanche, les armes blanches (et même un os de gigot, qui n'avait pas rempli cette fonction depuis Kubrick !) sont largement usitées, dans des batailles homériques à un contre vingt, où dans de plus intimes règlements de compte. L'énergie déployée par la mise en scène conduit aussi à une spectaculaire séquence nocturne et urbaine qui se conclut par un carambolage gigantesque, où la tôle froissée n'a rien de numérique. C'est ce qui donne sa singularité au film : Na Hong-jin s'en tient à une approche viscérale et réaliste du thriller, où les corps, les éléments et les objets sont tous pris dans leur dimension la plus concrète. La conclusion, soudain retour au calme confinant au désespoir le plus total, n'en est que plus belle.The Murderer
De Na Hong-jin (Corée du Sud, 2h20) avec Kim Yun-seok, Ha Jung-woo...
Sortie le 20 juillet.