Habemus Papam
Nanni Moretti invente une fiction où la fonction (papale) réveille le vague à l'âme d'un cardinal qui se rêvait comédien. Ce n'est pas une farce mais une belle comédie douce-amère avec un Michel Piccoli formidable d'évanescence.Christophe Chabert

Or, ce n'est pas tout à fait ce qui arrive. Car l'approche psy tourne court et le Pape s'échappe dans les rues de Rome, tandis que l'analyste est enfermé contre son gré au Vatican. Moretti s'amuse alors à renverser discrètement le grand dualisme chrétien : le Pape va s'approcher de ses rêves d'enfance disparus (être un acteur de théâtre), seul moyen d'apaiser une âme devenue trop lourde à charrier ; le psy, lui, organise un vaste tournoi de volley ball avec les cardinaux, qui font l'apprentissage de la légèreté du corps, transcendés par l'esprit d'équipe. Belle idée, un peu disproportionnée dans son traitement à l'écran, et qui révèle la limite du cinéma de Moretti : il passe toujours par des coups de force scénaristiques pour avancer dans ses intrigues, incapable de relier les actes entre eux sinon par de la fantaisie pure. On s'attache donc surtout au parcours de ce Pape, vieillard aux yeux fatigués mais au regard malicieux, en grande partie par la force d'incarnation que lui confère Michel Piccoli. L'acteur ne fait pratiquement rien à l'écran, mais tout chez lui paraît porteur de mille émotions. Évanescent et pourtant si présent, Piccoli synthétise toute la beauté tranquille d'Habemus papam.Habemus papam
De et avec Nanni Moretti (It-Fr, 1h45) avec Michel Piccoli...