Derrière le voile

Lundi 3 décembre 2012

Peinture / Le peintre français Thierry Carrier propose des séries de portraits à première vue bien austères, mais dont l'intrigante délicatesse se dévoile à mesure que le regard s'y perd. S'il est son premier modèle - ce que l'on vérifie largement dans cette exposition -, cela ne signifie pas que le portrait devient un autoportrait. La nuance est d'importance, car elle détermine la façon d'appréhender le sujet... Et quand l'autoportrait se consacre à discerner ce qui fait la particularité du peintre, Thierry Carrier s'attache plus ici à gommer qu'à mettre en évidence les traces de son moi. Il aborde son visage comme un visage lambda, un support pour exprimer des variations générales. « Si je me peins moi-même, ce n'est pas par narcissisme, mais parce qu'on n'est jamais aussi bien servis que par soi-même : en cherchant une attitude, un regard, j'essaie de rendre un état. » Une recherche d'état qui s'encombre peu de la sacro-sainte fidélité aux traits du modèle. Variables d'une toile à l'autre, ils épousent un cheminement tentant de capturer des impressions, se déforment allègrement à cet effet, sont parfois entraînés dans un tourbillon de matière. Constituant ainsi la grammaire d'une œuvre qui s'épanouit dans le jeu des variations.

Laetitia Giry

Thierry Carrier, jusqu'au 22 décembre à l'Espace Vallès