Shadow dancer

Mercredi 30 janvier 2013

Excellente surprise que ce thriller glacial signé James Marsh. Le cinéma anglais, dans la lignée du canon Ken Loach (Hidden Agenda) / Paul Greengrass (Bloody Sunday), nous avait habitués à traiter la question du terrorisme irlandais sous un angle réaliste, sinon hyper-réaliste. Marsh en prend le contre-pied, lorgnant plutôt du côté des fictions paranoïaques 70's façon Alan Pakula.

La scène d'ouverture (après un prologue posant le traumatisme initial) donne le ton : un attentat raté dans le métro de Londres, filmé entièrement du point de vue de la poseuse de bombe, Collette - extraordinaire Andrea Riseborough - que la caméra accompagne en longs plans méticuleusement composés en scope et baignés d'une lumière froide et métallique. Arrêtée, elle doit se plier au contrat proposé par un agent du MI5 (Clive Owens, qui se coule avec modestie dans ce second rôle fantomatique) : dénoncer ses frères, tous terroristes, et les têtes pensantes de l'IRA pour éviter d'aller croupir en prison.

Marsh ne fait jamais retomber la tension et le suspense qui accompagnent les louvoiements de son personnage, privilégiant la durée des séquences et l'ambiance qui en découle plutôt que les effets spectaculaires. Jusqu'à son terrible double twist final, Shadow dancer arrive à retranscrire par la seule force de sa mise en scène le climat de terreur d'une époque où, alors que les politiques avançaient sur le chemin de la paix, l'IRA cherchait au contraire la radicalisation. Une époque trouble pour un film à son tour troublant.

Christophe Chabert

Shadow Dancer

sortie nationale : Mercredi 6 février 2013
De James Marsh (Ang-Fr, 1h42) avec Andrea Riseborough, Aidan Gillen...

Collette, jeune veuve, est une républicaine, vivant à Belfast, avec sa mère et ses frères, de fervents activistes de l’IRA. Suite à son arrestation après un attentat avorté au cœur de Londres, Mac, un agent du MI5, lui offre le choix : passer 25 ans ou espionner sa propre famille.