Souffrances

Mardi 3 septembre 2013

Photo : Jean-Louis Fernandez

Cet été au Festival d'Avignon, en sortant de la cour d'honneur du Palais des Papes 4h30 après y être entré, un soulagement a envahi l'ensemble des spectateurs restés jusqu'au bout du solo de Jeanne Balibar, crispant quand il était audible. Car en adaptant Par les villages, long poème dramatique de Peter Handke, Stanislas Nordey a aussi fait le choix de l'anti spectacle. Un enchaînement de monologues qui produit une ambiance mortifère, les émotions restant enfouies sous des gravas de logorrhée. La faute à une absence de réelle mise en scène - les acteurs (Balibar donc, mais aussi Béart pourtant radieuse et touchante, Nordey lui-même, ...), ultra-statiques, se parlent à dix mètres les uns des autres sur un plateau dont l'immensité offrait pourtant des conditions de jeu inouïes. Quant au texte, il a beau être passionnant (Handke y sonde l'écart se creusant entre les ruraux qui ne sont jamais partis et les urbains qui ont tourné le dos au monde ouvrier pour intégrer des sphères plus intellectuelles), mais on ne cesse de le perdre, tués que nous sommes par l'ennui. Nadja Pobel

Par les villages, du jeudi 30 janvier au samedi 1er février, à la MC2

Par les villages

De Peter Handke, traduction de Georges-Arthur Goldschmidt, ms Stanislas Nordey. Gregor, écrivain, citadin, retourne sur les lieux de son enfance après la disparition de ses parents. Il y retrouve Hans, son frère, et Sophie, sa soeur, qui lui refusent sa part d'héritage. Parti depuis longtemps, il ne reconnaît plus le paysage rural de sa jeunesse, métamorphosé par la vie moderne. Au centre du récit, l'antagonisme entre deux mondes, entre deux frères, l'intellectuel et l'ouvrier à qui Peter Handke offre un monologue, véritable manifeste des humiliés et des offensés.