À la guerre comme à la guerre

Vendredi 17 janvier 2014

Photo : Pierre Grosbois

Il y a plusieurs façons de tirer sa référence lorsqu'on est mis à la porte. On peut, par exemple, jouer la carte du contre-pied frondeur, façon de signifier à ceux qui vous ont viré qu'ils ont fait une belle connerie. On peut aussi continuer sa route comme si de rien n'était, en restant fidèle à son univers, quitte à donner raison à ses contempteurs. C'est cette deuxième voie qu'a choisie le metteur en scène Jacques Osinski, directeur jusqu'au 31 décembre 2013 du Centre dramatique national des Alpes. Un CDNA qui a disparu depuis, sur décision des différentes tutelles, et dont les missions seront avalées par la MC2 (mais c'est encore flou).

Pour sa dernière pièce à domicile (oui, même si le 31 décembre est passé, la MC2 a quand même tenu ses engagements de programmation décidés avant la fusion), Jacques Osinski renoue avec le dramaturge de langue allemande Ödön von Horváth qu'il affectionne tant (il a déjà monté plusieurs de ses textes). Son Don Juan revient de guerre reste alors dans la lignée de ses précédentes créations : même scénographie froide, même héros en retrait, même tempo très lent. Un jusqu'au-boutisme de deux heures qui ne nous réconciliera donc pas avec son travail, même si on reconnaît une certaine tenue au spectacle. C'est déjà ça.

Aurélien Martinez

Don Juan revient de guerre, jusqu'au samedi 1er février à la MC2

Don Juan revient de guerre

D'Ödön von Horváth, traduction de René Zahnd et d'Hélène Mauler, ms Jacques Osinski. Don Juan a perdu de sa superbe. Au sortir de l'horreur de la guerre de 1914 -1918, l'homme est fatigué. Il va son chemin dans une Allemagne aux prises avec la crise, à la recherche de la fiancée qu'il a jadis abandonnée. Elle est morte. Il l'ignore. Et chaque femme qu'il rencontre est comme une facette de cet idéal perdu. En 1935, alors qu'Hitler est au pouvoir, Ödön von Horváth se retourne sur le passé tout proche de l'Allemagne, le moment où "toutes les valeurs ont été bousculées", l'époque où, au lendemain de la guerre, le pays, déboussolé, tente de renaître de ses cendres dans le tourbillon de l'inflation.