Paul, ses motos, son expo

Photo : Shaun Gladwell, Apologies (1 - 6), 2007-2009 Vidéo, couleur, son stéréo, 27'10'' Cinématographie : Gotaro Uematsu Courtesy de l'artiste et Anna Schwartz Gallery, Sydney
L'historien d'art Georges Didi-Huberman présente actuellement au Palais de Tokyo à Paris une exposition autour de ses passionnants travaux sur Aby Warburg. Le Musée d'Art Contemporain de Lyon accueille, lui, son confrère Paul Ardenne à travers sa passion toute personelle pour les motos. Cherchez l'erreur ! Il n'est pas toujours facile d'évoluer dans un pays ultra-centralisé où les intellectuels laissent à Paris leurs neurones avant de franchir le périphérique et débouler dans nos villages à grands coups de roues arrières - mais on a échappé au pire : imaginez un Paul Ardenne addict de coiffes bretonnes ou de boules à neige... Paul Ardenne a cependant réussi à ramener sur son porte-bagages une quarantaine d'artistes et deux-cents œuvres sur le thème de son dada à deux roues.
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Le problème c'est que la moto pollue. Littéralement certes, mais surtout, pour ce qui nous préoccupe, esthétiquement : rassembler sur un motif unique, c'est pousser à le voir et le chercher partout. A tel point qu'on ne voit plus que des motos là où, parfois, il y a de très bonnes œuvres : les vidéos élégantes et métaphysiques de l'Australien Shaun Gladwell, les peintures angoissantes de l'Américain Charles Moody, dont les figures indécises semblent fondre sur leur support de bois...
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Heureusement, en Diogène de l'exposition, l'espiègle Lyonnais Benedetto Bufalino apporte un peu d'oxygène au sein de cette atmosphère chargée en cuir et en huile de vidange : son Vélo'v customisé en Yamaha avec trois bouts de carton remet les choses en perspective souriante.
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Jean-Emmanuel Denave
Motopoétique
Au Musée d'art contemporain, jusqu'au dimanche 20 avril