La Belle Verte

Photo : Ela Grieshabert
Leurs origines bavaroises et la blancheur quasi désincarnée de leurs chants angineux ramènent sans aucun doute les membres d'Aloa Input vers leurs exigeants aînés (eux aussi allemands) de The Notwist. Avec la bande de Markus Acher, ils partagent en effet ce goût pour le mélange indie-rock énervé / mélodies équilibristes / machinerie électronique de confection expérimentale. Sauf qu'il serait réducteur de résumer le trio à ce simple héritage. Aloa Input est sans doute encore plus voyageur avec ces guitares, ces beats et ces chants qui relient le Cap et Portland, Berlin et Chicago, New-York et Düsseldorf.
Et c'est aussi sur les traces folk et feuillues d'Animal Collective que marche la nouvelle petite merveille du label Morr Music ; sur les pistes (pan)africaines de Vampire Week-end et Yeasayer. On ne s'étonnera pas non plus que le leader du groupe ait pour patronyme Beck. On chemine ainsi comme sur la très belle pochette de leur album Anysome (titre génial) dans une sorte de jungle musicale de synthèse, ou autrement dit, pour reprendre un de leurs titres et comme le dirait Brian Eno, dans Another Green World. Et plus on s'y enfonce, plus on s'éloigne manifestement de la Bavière. Sauf qu'on y revient toujours à bon port - la Bavière, cette autre Belle Verte - comme sur le final Zweiklang, ultime (no)twist d'un road movie sonore sacrément bien mené. SD
Aloa Input, vendredi 21 mars à 20h30, au Centre d'art Bastille