Le Petit homme
Un petit film dont le sujet original est limité par une mise en scène encore sous influence Dardenne.

Le réalisme social a encore frappé : malgré son contexte plutôt inédit - l'immigration tchétchène en Autriche confrontée aux lois impitoyables des régularisations, vue à travers les yeux d'un gamin obligé de devenir le chef de sa famille - Le Petit homme s'en tient à des conventions de cinéma qui ne suffisent plus à en garantir l'authenticité.
La caméra à l'épaule sportive façon frères Dardenne - du moins à l'époque de Rosetta - qui suit comme son ombre le jeune héros, l'image blafarde et grise, le triste quotidien urbain, toute cette grammaire posant l'équation contestable "cinéma sur la pauvreté = pauvreté cinématographique", est désormais un cliché circulant d'un pays à l'autre comme n'importe quel académisme.
Subadeh Mortezai a heureusement plus d'inspiration en tant que scénariste : sa fable morale teintée de cruauté et soutenue par une vision politique acérée - là encore, les Dardenne ne sont pas loin - est habilement conduite, emmenant le spectateur vers une résolution amère et glaçante. Cela n'empêche pas Le Petit homme d'être avant tout un petit film.
Christophe Chabert