Emmanuel Carrère, de retour pour “Retour à Kotelnitch”

Mardi 8 mars 2016

Photo : © DR

Si vous avez manqué la présence de l'écrivain, scénariste et cinéaste Emmanuel Carrère à l'occasion de son passage lors de La Fête du Livre de Bron, l'institut Lumière vous offre une séance de rattrapage avec la projection de son documentaire Retour à Kotelnitch (2004), suivie d'une rencontre.

Ce qui ressemble à un bégaiement de l'Histoire constitue à la vérité une très adroite et singulière mise en abyme : son film étant lui-même issu de pèlerinages successifs en terres russes dans la petite ville de Kotelnitch, où Carrère avait à l'origine effectué un reportage pour Envoyé Spécial. S'attachant aux lieux et à ses interlocuteurs, sans doute travaillé par ses origines (il est, comme chacun le sait, d'ascendance géorgienne), le cinéaste avait ressenti le besoin de marquer de nouvelles étapes ; de susciter des confidences supplémentaires, pensait-il.

En réalité, chacun de ses voyages l'a entraîné dans une spirale se resserrant inexorablement autour de sa propre personne et conduit à poursuivre un cycle de récits introspectifs : Un roman russe (2007), conséquence et approfondissement littéraire de Kotelnitch ; Limonov (2011), biographie "dérivante" d'un homme de lettres rebelle et sulfureux. Autant d'ouvrages mêlant regard extérieur et considérations intérieures, l'écrivain-cinéaste se livrant davantage à force de récits sur les autres. Voilà pourquoi cette session de Kotelnitch ne peut constituer une redite : elle prolongera un voyage sans retour au cœur de l'auteur. VR

Emmanuel Carrère
À l'Institut Lumière le mardi 15 mars à 19h
À la Librairie Passages le mardi 15 mars à 17h

Retour à Kotelnitch

sortie nationale : Mercredi 2 mars 2016
De Emmanuel Carrère (2003, Fr, 1h45) Documentaire

Kotelnitch est une petite ville à 800 kilomètres à l'est de Moscou. L'auteur y est d'abord allé sur les traces d'un prisonnier de guerre hongrois qui avait passé 55 ans, oublié de tous, dans un hôpital psychiatrique. Il y est retourné une première fois faire ce qu'il croyait alors être un film documentaire, puis une seconde fois pour enterrer une jeune femme qu'il avait connue là-bas, et qui a été assassinée par un fou. Il s'est rendu compte que ces trois tournages, étalés sur deux ans, racontaient une histoire et que cette histoire était la sienne.