"Jeunesse" : c'est Conrad qu'on rate

Mardi 6 septembre 2016

de Julien Samani (Fr., Por., 1h23) avec Kévin Azaïs, Jean-François Stévenin, Samir Guesmi...

À force, les cinéastes devraient savoir que transposer un roman de Joseph Conrad dans le monde contemporain n'est pas sans risque : Welles s'y était cassé les dents et Coppola a failli y perdre la raison (avant d'accoucher, il est vrai, du chef-d'œuvre monstre Apocalypse Now, adaptation libre de la nouvelle Au cœur des ténèbres). Peu superstitieux, Julien Samani s'est jeté à l'eau en portant à l'écran Jeunesse, un récit partiellement autobiographique qui devient, hélas, une chronique initiatique aussi vague que démodée.

Comment croire en effet qu'en 2016, un jeune gars puisse traîner sur un port dans l'espoir d'embarquer sur un cargo pour aller faire fortune en Afrique ? Comment admettre qu'un matelot novice devienne en l'espace de deux séquences et un regard distrait sur son manuel un sous-officier expérimenté ?

Pour faire "authentique", sans doute, Samani ranime des figures légendaires : le vieux capitane, loup de mer roublard et éthylique (campé par un Jean-François Stévenin en mode Haddock) et son lieutenant, incapable de se départir d'un rictus patibulaire comme de son cure-dent (on plaint les gencives de Samir Guesmi), ainsi que de la contrebande pour donner du piment, à défaut de sel marin. Mais ces repères éculés ne remplacent pas une histoire plausible, ni une vraie continuité : ici, le scénario donne l'impression d'avoir pris l'eau et égaré quelques pages en empruntant la chaloupe de sauvetage...

Jeunesse

sortie nationale : Mercredi 7 septembre 2016
De Julien Samani (Fr-Por, 1h23) avec Kévin Azaïs, Jean-François Stévenin...

Zico a soif d'ailleurs. Il embarque sur un cargo au Havre. Très vite, les tensions avec le reste de l’équipage et les avaries à répétition mettent à mal ses rêves d’aventures. Une lutte s’engage alors contre les éléments et les épreuves qui frappent ces hommes.