Voyage Ă Lilliput
Artistes émergents / Mauve Farris et Chloé Serre présentent Rien ne change de forme comme les nuages si ce n'est les rochers, en ouverture d'une nouvelle session de six expositions à découvrir à la Serre au fil de l'année 2017.

Photo : © Niko Rodamel
Les deux plasticiennes (toutes deux diplĂ´mĂ©es d'Ecole SupĂ©rieure d'Art et Design de Saint-Étienne) ont installĂ© un petit monde chimĂ©rique Ă l'ombre des plantes qui font ordinairement partie intĂ©grante du lieu. Sous la gigantesque canopĂ©e vĂ©gĂ©tale, s'organise un inquiĂ©tant univers minĂ©ral qui lui-mĂŞme semble abriter une civilisation aux abois. Tout se joue au sol, quasiment rien sur les murs. Au grĂ© de la visite, on dĂ©ambule au coeur d'un paysage fait d'Ă©tranges massifs montagneux, un dĂ©filĂ© de roches abruptes issu d'une gĂ©ographie imaginaire oĂą se joue le drame d'une sociĂ©tĂ© lilliputienne en lutte contre des forces invisibles que la matière enfouit sournoisement. Succession de scènes oĂą l'on dĂ©couvre de petits corps noirs entassĂ©s, empalĂ©s, dĂ©coupĂ©s, oĂą l'on croise Ă©galement des monstres aquatiques cyclopĂ©ens. Ici une fontaine sertie de pièces de monnaie. LĂ une caverne ornĂ©e d'ossements blancs, dont l'intĂ©rieur est tapissĂ© d'un tissu rouge, abritant un Ă©cran sur lequel une vidĂ©o montre en boucle et en nĂ©gatif un chien qui se dĂ©hanche frĂ©nĂ©tiquement sur un jouet. Plus loin un pendu, au cœur d'une grotte surplombant une poignĂ©e d'immeubles ensablĂ©s... Autant de temples maudits, de lieux de dĂ©votion aveugle et de scènes sacrificielles qu'accompagne une bande-son nourrie de cris d'effroi.
Mégalithes
Un cheminement de petites bougies à LED nous invite à gagner l'étage supérieur pour la suite de l'exposition jusqu'à rejoindre un espace de la Serre rarement utilisé, où se dresse un ensemble de mégalithes en carton plongés dans une demie obscurité, tagués de dates et de messages divers, Julien je t'aime plus que tout, mdr, Nike ta mère, jte kiffe, la Ric la vie, batarde... Au final le propos se brouille et l'on perd un peu le sens de l'ensemble. Même les titres grossièrement scotchés au sol semblent vouloir nous mener sur des pistes divergentes : La poisseuse, Le tordu, L'oreille de Denys, L'îlot du tyran, Le bras droit, On a pas l'air virils, Arachnides... Décontenancés (pour ne pas dire déçus) par cette première exposition, nous attendons vivement les prochaines, dans l'impatience de découvrir notamment les Végétations de Jérôme Dussuchalle (en mai) ou les mathématiques sentimentales du quadrilatère Gaëlle Choisne, David Posth-Kolher, Octave Rimbert-Rivière et Pablo Réol (en octobre).
Rien ne change de forme comme les nuages si ce n'est les rochers, de Mauve Farris et Chloé Serre, jusqu'au 25 février à la Serre