"Moonlight" : récit d'apprentissage doux-amer
De Barry Jenkins (ÉU, 1h51) avec Alex R. Hibbert, Ashton Sanders, Trevante Rhodes...

Centré sur la découverte de son homosexualité par un jeune noir grandi sans père dans un quartier pauvre de Miami, Moonlight esquive, grâce à un certain nombre de choix audacieux, le formatage qui accompagne trop souvent les films sur le passage à l'âge adulte. Découpé en trois parties distinctes (enfance, adolescence et donc entrée dans l'âge adulte), le second long-métrage du réalisateur Barry Jenkins fait ainsi le choix d'un dépouillement narratif quasi-permanent, ne dévoilant l'évolution progressive de son protagoniste que par bribes éparses pour mieux laisser au spectateur le soin de recoller les morceaux.
Un parti pris risqué qui fonctionne néanmoins ici à la perfection, grâce à la qualité d'interprétation des acteurs, mais également la juste distance que réussit à trouver le réalisateur avec son sujet. Baigné dans une esthétique visuelle extrêmement léchée (lumières élégiaques, plans millimétrés), le film apporte ainsi une douceur et une sensibilité inattendue à un récit dont la violence sociale n'est pour autant, et c'est la toute sa force, jamais escamotée.