Un War Requiem entre messe et poème

Photo : © Stofleth
Opéra /
C'est dans un climat tendu que s'est ouverte la saison lyrique de l'Opéra de Lyon. Après une déclaration des personnels, sur scène, concernant leurs rémunérations et les conditions de travail, le directeur Serge Dorny est monté sur scène à son tour pour expliquer au public l'état des négociations en cours. On ne peut qu'espérer que ce conflit trouve une issue rapide et n'obère pas la qualité des productions. Malgré ce contexte, la première du War Requiem mis en scène par Yoshi Oida est un succès et l'Opéra de Lyon s'est montré à la hauteur de sa réputation artistique.
Créé en 1962, le War Requiem du compositeur anglais Benjamin Britten (1913-1976) est une œuvre complexe nĂ©cessitant deux orchestres, un chœur d'enfants, un grand chœur et trois solistes. Le livret mĂŞle le texte liturgique de la messe des morts et des poèmes de Wilfred Owen, un poète tombĂ© au champ de bataille en 1918. Toute la difficultĂ© pour le metteur en scène japonais rĂ©sidait dans la construction d'une dramaturgie alors que le War Requiem n'est pas une œuvre narrative. Le dĂ©fi est relevĂ© avec une grande puissance Ă©vocatrice. Par une succession de tableaux Ă l'esthĂ©tique sombre mais bouleversante, Yoshi Oida rend un hommage universel aux victimes des diffĂ©rents conflits sans dĂ©laisser pour autant une vision critique teintĂ©e de colère et nuancĂ©e d'humanisme.
Dans la fosse, Daniele Rustioni, tout nouveau chef permanent de l'OpĂ©ra de Lyon, dirige le plateau avec une prĂ©cision chirurgicale et assure d'un bout Ă l'autre le difficile Ă©quilibre sonore entre les chœurs, les solistes et les orchestres. On retiendra particulièrement la performance du tĂ©nor Paul Groves et du baryton Lauri Vasar qui transmettent avec une Ă©motion remarquable la poĂ©sie de Wilfred Owen. Ce War Requiem est Ă voir et Ă©couter et il nous rappelle combien Benjamin Britten est un grand compositeur.
War Requiem
A l'Opéra de Lyon jusqu'au 21 octobre