Portrait de famille : "The Last Family"

Mercredi 17 janvier 2018

Biopic / de Jan P. Matuszynski (Pol, 2h03) avec Andrzej Seweryn, Dawid Ogrodnik, Andrzej Chyra...

Photo : © DR

Principalement connu des amateurs d'art et de faits divers, Zdzisław Beksiński (1929, assassiné en 2005) est un peintre polonais dont la singulière existence, au moins aussi atypique que ses toiles (classées "surréalistes"), méritait a minima un coup de projecteur. Créant de l'étrangeté par son hypernaturalisme, ce biopic propose une approche astucieuse des trente dernières années de ce plasticien vivant quasi reclus avec sa famille - comptant un fils bancal et suicidaire -, en faisant se succéder de longues séquences empruntées à leur quotidien.

L'acte créatif ne figure pas au centre du propos de Jan P. Matuszynski, c'est bien la vie privée - ce ferment de l'imaginaire - qui l'intéresse. Beksiński y apparaît comme exagérément stable dans des situations requérant des émotions chez des individus lambda (comme la maladie ou la mort de ses proches), doublé d'un authentique maniaque enregistrant tout, jusqu'aux conversations domestiques. Imperméable à ce qui se passe hors de son pâté de maison, il l'est aussi aux chamboulements considérables rencontrés par la Pologne durant ces trois décennies : c'est le monde qui doit faire des incursions dans le territoire de cet autarcique, où la politique n'a pas droit de cité.

Sensible aux évolutions du temps, amendé par les apports de la technologie, l'appartement habité par le peintre ressemble d'ailleurs à une toile soumise à ses incessants repentirs. En cela, elle constitue sans doute une de ses œuvres invisibles, un work in progress d'arrière-plan dont Matuszynski effectue ici la révélation.

The Last family

sortie nationale : Mercredi 7 juin 2017
De Jan P. Matuszynski (Pol, 2h03) avec Andrzej Seweryn, Dawid Ogrodnik...

Né en 1929, Zdzisław Beksiński, peintre surréaliste polonais connu pour ses inquiétantes Å“uvres post-apocalyptiques, est un artiste culte qui a peint des corps en décomposition et fantasmé d’ardentes expériences sexuelles SM. Réputé pour son vif sens de l’humour, il souffre également d’une peur maladive des araignées et s’occupe de sa mère malade. Son fils névrosé et suicidaire Tomasz est une idole de la radio comme DJ et un traducteur, à qui l’on doit notamment les versions polonaises des films des Monty Python. Sa femme Zofia, fervente catholique, supporte ces deux excentriques et maintient l’unité de la famille. Tandis que les parents tentent d’empêcher leur fils de se faire du mal, leur vie est régie par la peinture, une série d’expériences de mort imminente, des obsèques et les changements de tendance de la musique dance.