Ostermeier et la Guerre des religions

Lundi 30 avril 2018

Photo : © Arno Declair

Théâtre /

Depuis qu'il vient à Lyon (Nora, en 2005, déjà aux Célestins), Thomas Ostermeier fait date au fil des saisons. Et ce Professeur Bernhardi (du 2 au 6 mai), au vu des extraits vidéos, ne devrait pas déroger à cette règle. Car l'Allemand a, une fois de plus, trouvé matière à éclairer le présent avec un texte frontal qu'il contemporanéise avec son dramaturge Florian Borchmeyer - de nombreux personnages masculins sont devenus des femmes pourr mieux coller à l'époque actuelle.

En 1912, Arthur Schnitzler, médecin comme son père, écrit la lutte d'un professeur juif interdisant à un prêtre de venir porter l'extrême-onction à sa patiente - catholique - afin qu'elle vive apaisée ses derniers moments quitte à ne pas être lavée de son péché (elle est victime d'une septicémie à la suite d'un avortement). Scandale, jugement de Bernhardi et interdiction de la pièce en Autriche du vivant de l'auteur.

La pièce est un écho assourdissant à la montée de l'antisémitisme dans ce pays et une critique acérée de la religion. Dans un décor blanc, intemporel, Ostermeier ne s'encombre de rien pour aller à l'essentiel avec sa troupe d'une densité qui nous avait encore bluffé tout récemment dans La Pitié dangereuse (cinq comédiens partagent l'affiche des deux spectacles).

Professeur Bernhardi

De Arthur Schnitzler, ms Thomas Ostermeier, 2h45