"Tomorrow" : la transcendance sans l'au-delà par François Germain
Exposition / Lieu patrimonial situé dans le Pays voironnais et datant de 1655, la Grande Dîmière est aujourd'hui un espace dédié à l'art. Comme on peut le constater en ce moment avec cette immense installation textile de l'artiste François Germain évoquant la fameuse Sagrada Familia de Barcelone. On l'a visitée.

Photo : Samuel Moraud
Avec Tomorrow - installation textile à la Grange Dîmière du Pin, dans le Pays voironnais, l'artiste François Germain (que l'on connaît également comme directeur de la Théorie des Espaces Courbes, lieu d'exposition à Voiron) signe une œuvre remarquable. Et ce pour plusieurs raisons.
D'abord parce que la légèreté de son œuvre contraste singulièrement avec l'imposante majesté - pour ne pas dire lourdeur - du lieu. Longtemps, d'ailleurs, l'artiste n'a pas souhaité répondre à l'appel à projets, considérant - peut-être à juste titre - que le bâtiment restait souvent plus fort que la proposition artistique. Et puis comment concilier la pesanteur inhérente au patrimoine et ses valeurs du passé avec l'appel à l'avenir contenu dans tout art contemporain ? La hauteur de l'édifice écrase-t-elle (toujours...) ce qui reste au sol ?
François Germain a répondu à ces contraintes en les contournant par un subterfuge : évoquer la Sagrada Familia de Gaudi à Barcelone par une architecture textile de quinze mètres de haut, vingt-deux de large et douze de profondeur avec quelque... 600 m2 de lycra !
« La spiritualité n'est pas que religieuse »
Une œuvre également remarquable parce que l'opposition initiale au lieu s'est vite transformée en réconciliation, cette « évocation fantasmée » voulue par l'artiste trouvant d'emblée son autonomie à l'aune d'une géométrie très graphique lui permettant tout à la fois d'affirmer que « la spiritualité n'est pas que religieuse », mais aussi - surtout - de montrer autant que de démontrer que, loin du volume et de la courbe, on peut heureusement virtualiser la matière.
Ce faisant, Germain a atteint son but dès lors que son architecture a tutoyé l'asymptote, cette épure verticale restituant à merveille, grâce à l'apparente fragilité du tissu, l'essence même du mysticisme - tant il est vrai que l'on peut être mystique sans être religieux.
À la Grange Dîmière (Le Pin) jusqu'au dimanche 28 octobre