Oldelaf : « Toujours envie d'être impertinent et de déraper »

Mercredi 28 novembre 2018

Chanson décalée / Olivier Delafosse sévit depuis bientôt vingt ans dans la chanson dite humoristique avec Oldelaf. Après des titres tels que "La Tristitude" ou "Le Café" qui ont fait son succès, il a pousuivi sur sa lancée avec des chroniques TV et radio et plusieurs disques pour adultes et pour enfants. Son dernier album pour grands, "Goliath", est sorti en 2018. Entrevue bien décalée avec l'artiste avant son passage ce jeudi à Saint-Étienne.

Photo : © DR

Ce n'est pas la première fois que vous passez à Saint-Étienne en concert. Vous êtes même un habitué, donc cela veut dire que la ville des mines et d'une certaine « tristitude » ne vous fait pas peur ?
Ma peur reste que les gens ne comprennent pas notre langue, le français... C'est là la grande angoisse. Mais je vais tout faire, tel un missionnaire, pour leur porter la bonne parole et les éduquer. Non, plus sérieusement, c'est une ville très particulière, avec une histoire très forte et évidemment le fan de foot que je suis ne peut qu'être ému à chaque fois que j'y retrourne.

En parlant de football, vous avez expliqué à nos confrères de So Foot, que vous caliez des dates de concerts en fonction des jours de matchs. Que cela représentait un des paramètres à prendre en compte pour savoir quel soir programmer un concert.
Pour avoir moi-même organisé des choses plus jeune, j'ai appris très vite qu'il faut faire attention à ce point. Tu es obligé de penser comme ça. Dans certaines villes, le foot est une religion et il faut être conscient de ce paramètre.

Cela tombe bien, il n'y aura pas de match des Verts le même soir que votre concert...
En fait, c'est surtout que les joueurs de Saint-Étienne ont refusé de jouer dès lors qu'ils ont su qu'on venait en concert.(rires)

Il paraît que votre réalisateur sur le dernier album s'appelle Régis Ceccarelli. Possède-t-il un lien de parenté avec Gilbert Ceccarelli, ancien gardien moustachu de l'A.S. Saint-Étienne des années 80/90 ?
Ce serait à vérifier mais ce qui est sûr c'est qu'il a un lien avec André Ceccarelli, le grand batteur de jazz. Mais il n'est pas impossible que ce soit un membre de sa famille...

De nombreux médias ont évoqué le fait que votre dernier album Goliath, sorti au début de l'année 2018, est davantage « produit » au niveau musical que les précédents. En matière de composition, votre manière de faire a été différente des autres albums ? Est-ce d'abord la musique ou les paroles ?
Dans la mesure du possible, je laisse les choses venir en même temps. Si un refrain vient en même temps qu'une rythmique, c'est bon signe. Si je fais séparément, c'est en général la musique d'abord et les textes ensuite. Mais c'est vrai que je peux écrire de la musique au kilomètre. J'ai de la facilité à faire de la musique. Concernant les paroles, pour obtenir des mots qui restent, dont je sois fier et qui me touchent d'abord avant de pouvoir toucher les gens, cela prend pas mal de temps.

Vous avez écrit aussi pour les enfants, qu'est-ce que cela vous apporte ? Pourquoi ne pas se concentrer sur de la musique destinée aux adultes ?
Tout d'abord, cela m'apporte énormément d'argent. C'est gênant tellement je suis riche grâce à la chanson pour enfants. (rires) Non, ça m'a pris quand je suis devenu papa et sur une proposition des Éditions Milan. C'était également la fin de la période avec Monsieur D. J'ai écrit, composé et enregistré en trois mois un conte musical, Bête et méchant, de quatorze chansons. C'était ô combien express. Mais je suis très fier de cela. Il a d'ailleurs reçu le prix de l'Académie Charles Cros. C'est plutôt pour la tournée où il y a une demande qui est énorme et je ne suis pas prêt à abandonner la chanson pour adultes. J'ai toujours envie d'être impertinent et de déraper. Il faut une certaine tenue avec les enfants ou alors sinon il faut prendre le parti de faire les parents qui accompagnent. Mais il ne faut être seulement le chanteur des grands qui accompagnent les petits. Les albums que j'ai réalisés pour les enfants avaient pour objectif de faire rire toute la famille.

Vous avez fait de la télé, de la radio... avez-vous toujours été libre de faire ce que vous vouliez dans vos interventions ?
Non, je n'ai pas été totalement libre. Déjà, je ne m'autorise pas tous les sujets. Tout ne me semble pas très intéressants à être traité. Tout ce qui touche à la scatologie ou en-dessous de la ceinture par exemple. En revanche, il y a une époque à la radio où je trouvais ça intéressant d'être impertinent. Mais j'ai travaillé sur des radios généralistes sur lesquelles on m'a demandé de « calmer le jeu » sur certains sujets. Alors que je ne me sens pas du tout polémiste... Au bout d'un moment, tu t'auto-censures. À la télé aussi, je ne pouvais pas faire ce que je voulais pour des raisons de budget car on ne pouvait toujours diffuser certaines photos ou vidéos pour des chroniques. Donc c'était parfois compliqué. La censure existe dès que l'on fait de la chronique. Mais sur Internet, la censure existe aussi. L'exemple de notre clip, très bon enfant, de L'amour à l'hôtel Ibis, est édifiant. Ce dernier est bloqué par Facebook ou YouTube pour des raisons de pornographie, alors qu'il n'y a pas une once de chair, mais plutôt un côté grotesque. Je ne comprends pas cette censure alors que certains clips de rap très dégradants pour la femme sont acceptés...

On a tendance à vous mettre dans la catégorie des chanteurs décalés comme peuvent l'être GieDRé avec qui vous avez souvent chanté ou encore Didier Super. Ce sont des artistes que vous appréciez ? Vous vous sentez proches d'eux ?
Je les admire totalement en tant qu'artiste mais également en tant que personne. Je suis admiratif qu'ils soient jusqu'au boutistes. Pour moi, ce sont des chercheurs qui sont prêts à se mettre au service de l'art pour dénoncer. Ils n'ont pas d'ambition personnelle surdéveloppée et veulent faire simplement faire réagir. C'est un peu à l'image de Coluche lors de la création des Restos du Cœur qui disait que ça devait être une initiative temporaire, juste le temps de faire réagir afin que tout le monde prenne conscience du problème. Didier Super est accablé de voir qu'il faut continuer à faire ça et se battre. Artistiquement cette manière de provoquer me faire rire et me plaît. Certaines personnes trouvent cela vulgaire mais c'est avant tout car ils ne vont pas assez loin dans la compréhension de ces artistes. Ils ne voient pas la réflexion qui se cache derrière. Je n'estime pas faire la même chose mais j'adore créer avec eux quand c'est possible.

Vous êtes passé par Europe 1, France 3 puis RTL. Pourquoi pas RTL9 qui aurait été une suite logique finalement ?
C'est vrai... Je n'avais pas vu les choses comme ça. (rires) Mais cette suite n'est pas totalement logique, il faudrait 1, 3, 6... Enfin, c'est un jeu mathématique et je laisse chacun réfléchir.

Avez-vous un contrat avec le groupe Accor puisque que vous parlez des Ibis et des Mercure dans votre titre L'Amour à l'Hôtel Ibis ? Était-ce dans le but d'obtenir des réductions pour les chambres d'hôtel pendant la tournée ?
J'aimerais bien, ce serait sympa ! Mais je crois qu'ils n'ont pas tant d'humour que ça malheureusement. Je ne suis pas sûr qu'on trouve un terrain d'entente et un «accord»... Il faut toujours partir sur un bon mot. (rires)

Oldelaf, jeudi 29 novembre à 20h30 au Fil à Saint-Étienne

Oldelaf

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