Jusqu'au bout des limites : "Marche ou crève"

Mardi 4 décembre 2018

Drame / de Margaux Bonhomme (Fr, 1h25) avec Diane Rouxel, Jeanne Cohendy, Cédric Kahn...

Photo : © Nour Films

Elisa vit avec son père et sa sœur Marion dont le handicap a eu raison du noyau familial : la mère, épuisée de s'en s'occuper et seule à militer pour un placement en institution, a préféré quitter la maison. Alors Elisa prend le relai de son père, au risque de sacrifier son avenir...

La dédicace finale, "à ma sœur", laisse peu de doute sur l'inspiration de Margaux Bonhomme, et sur la charge personnelle autant qu'affective pesant sur ce film. De fait, Marche ou crève déroule un schéma tristement banal dans la galaxie du handicap : nombreuses sont les familles à connaître une rupture, favorisée par la polarisation extrême suscitée par l'enfant réclamant une attention plus soutenue mais résultant aussi de l'accumulation de stress et de fatigue causée par l'absence de relais par des tiers - on parle là de conséquences privées et intimes d'une politique publique insuffisante.

Ici, ni la mère, ni le père, ni la sœur ne veulent être soupçonnés de mal aimer Marion - ce que signifie le recours au placement en institution -, et ils s'obstinent dans le dévouement sacerdotal jusqu'à un isolement mortifère. Revenant à plusieurs reprises dans le film, l'image de la varappe et du mur face auquel on tente de s'accrocher à mains nues, est bien trouvée : sans partenaire, ni sécurité et à bout de force, on finit par s'écraser. C'est ce qui menace Elisa - et en définitive, Marion. Un film courageux sur une forme de renoncement et d'acceptation, moins définitive qu'un deuil.

Marche ou crève

sortie nationale : Mercredi 5 décembre 2018
De Margaux Bonhomme (Fr, 1h25) avec Diane Rouxel, Jeanne Cohendy...

Elisa, une adolescente fougueuse et passionnée, veut profiter de l’été de ses 17 ans sur les pentes escarpées du Vercors où elle a grandi. Mais sa mère quitte la maison et la laisse seule avec son père pour s’occuper de sa sœur handicapée. Une responsabilité de plus en plus lourde qui la fait basculer de l’amour à la haine, jusqu’à perdre pied.