La parole à la défense : "Le Silence des autres"

Mercredi 13 février 2019

Documentaire / De Almudena Carracedo & Robert Bahar (Esp, 1h35)

Photo : © Semilla Verde Productions / Almudena Carracedo

Une loi d'amnistie générale des crimes commis pendant la période franquiste ayant été votée dans la foulée de la mort du dictateur, la justice espagnole n'a pas eu la possibilité de poursuivre les tortionnaires du régime. Mais de même que Pinochet avait été mis en accusation en Espagne, un groupe de victimes, de descendants de disparus, de parents dont les enfants furent volés a déposé plainte devant les tribunaux argentins, qui ont jugé l'affaire recevable. Ce documentaire produit par Pedro Almodóvar relate leur longue procédure, toujours en cours...

Une piqûre de rappel aux mémoires défaillantes ainsi qu'aux jeunes générations : une nation qui banalise ou oblitère les crimes d'une dictature au nom de la réconciliation s'expose à des contre-coups violents : résurgence de la haine et impossibilité pour les victimes de tourner la page. C'est justement ce qui se passe en Espagne où l'ombre du franquisme a continué à planer. Résultat ? Le parlement andalou vient d'accueillir ses premiers élus d'extrême-droite et certaines personnes n'ont toujours pas pu se reconstruire, quarante ans après. L'une d'elle explique bien son besoin non d'une vengeance - puisqu'elle pardonne à l'individu-tortionnaire - mais d'une justice qui condamne les ordres donnés à l'époque. Espérons que la loi d'amnistie finira par être abrogée : mieux vaut crever un abcès que voir un pays emporté par la septicémie.

Le silence des autres

sortie nationale : Mercredi 13 février 2019
De Almudena Carracedo, Robert Bahar (Esp, 1h35) documentaire

1977. Deux ans après la mort de Franco, dans l’urgence de la transition démocratique, l’Espagne vote la loi d’amnistie générale qui libère les prisonniers politiques mais interdit également le jugement des crimes franquistes Les exactions commises sous la dictature et jusque dans les années 1980 sont alors passées sous silence. Mais depuis quelques années, des citoyens espagnols, rescapés du franquisme, saisissent la justice à 10.000 kilomètres des crimes commis, en Argentine, pour rompre ce « pacte de l’oubli » et faire condamner les coupables.