Un champ d'amour pour Guillaume Canet : "Au nom de la terre"
Drame / Fin des années 1970. Pierre rentre des USA avec de grands projets pour l'exploitation agricole familiale, qu'il loue en fermage à son père. Quelques années plus tard, étranglé par de trop nombreux investissements, Pierre perd pied. Et la faillite pointe son hideux visage...

Photo : © Nord Ouest Productions
Connaître l'origine du projet biaise fatalement la réception que l'on peut avoir du film : comment ne pas éprouver de la sympathie pour la démarche du réalisateur, fils du personnage joué par Canet, racontant la tragédie vécue par son père - et, au-delà , celle de milliers d'agriculteurs laminés par le système productiviste, saignés par les crédits et empoisonnés par les produits "phytosanitaires" ? Car à moins d'être du côté de l'agro-business, on ne peut raisonnablement soutenir un modèle qui tue la terre, produit hors-sol, dévoie même les concepts bio tout en asservissant les paysans.
En prolongeant par une "fiction" - les noms ont été changés, pas les situations - portée par une star le documentaire qu'il avait consacré à la question, Édouard Bergeon espère sensibiliser un plus large public à cette question. Il le fera sans doute grâce à la force de frappe médiatique de Guillaume Canet. Tant mieux. Mais du point de vue cinématographique, son film se révèle d'une désespérante platitude, très loin de C'est quoi la vie ? de Dupeyron (1999) qui abordait le même sujet, ou du plus récent Petit Paysan de Hubert Charuel. Pas assez de distance, peut-être, et hélas une esthétique de téléfilm que les excellents Veerle Baertens et Rufus (effrayant en patriarche autocentré) ne parviennent pas à transcender.
Au nom de la terre
Un film de Édouard Bergeon (Fr, 1h43) avec Guillaume Canet, Veerle Baetens, Anthony Bajon...