"Made In Bangladesh" : in Fabric
De Rubaiyat Hossain (Ben.-Fr.-Dan.-Port.) avec Rikita Shimu, Novera Rahman, Parvin Paru...

Photo : ©Pyramide Films
Ouvrière dans une usine textile de Dacca, au Bangladesh, Shimu travaille comme une forcenée dans des conditions déplorables pour un patron esclavagiste. Lorsqu'elle se résout à monter une section syndicale avec quelques collègues, ses chefs et son mari lui rendent la vie impossible...
Hasard ou coïncidence ? La veille d'une grève générale en France motivée par des revendications sociales - le rejet du projet de réforme des retraites - sort sur nos écrans un film rappelant à quel point les droits se conquièrent toujours de haute lutte. Certes, le contexte bangladais n'est (heureusement) pas comparable à celui en vigueur dans l'Hexagone, mais la propension à niveler par le bas les filets de protection sociale des classes laborieuses semble une aspiration commune à tous les gouvernements d'inspiration libérale, d'où qu'ils soient.
Déjà autrice d'un film se déroulant à Dacca - l'excellent Les Lauriers-roses rouges (2017), son deuxième long métrage -, Rubaiyat Hossain complète sa galerie de portraits de femmes brisant les carcans patriarcaux bangladais avec ce récit n'occultant rien de la corruption politico-administrative. Bien sûr, le côté "conte de fée" sanctionnant par une victoire (obtenue à l'arrachée) l'âpre lutte des ouvrières, comme la mesquinerie rapace de leurs employeurs (forcément repoussants), ont des airs de cliché. Cela ne doit pas masquer l'essentiel : dans ces usines de misère, des êtres humains sont exploités pour que l'Occident achète des nippes jetables et satisfasse son consumérisme et sa vanité. À méditer devant sa penderie ou au moment de la prochaine campagne de soldes, quand vous regarderez où sont fabriquées les fringues que vous convoitez...