Les films sortis le mercredi 7 septembre 2022

Sortie ciné /
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★★★☆☆ Le Visiteur du futurÂ
Sur le point d'autoriser l'implantation d'une centrale nucléaire, le député Gilbert Alibert est brutalement enlevé avec sa fille par un mystérieux voyageur spatio-temporel, Renard, qui l'emmène en 2555 constater les funestes conséquences de son geste. Renard parviendra-t-il à le faire changer d'avis ?
Prolongation de la websĂ©rie lancĂ©e en 2009 par François Descraques, ce long mĂ©trage montre - Ă l'instar de Kaamelott - que d'un format bref, un crĂ©ateur ambitieux Ă l'imaginaire bouillonnant peut dĂ©velopper un insondable cosmos et repousser les limites dans lesquelles on assigne (bien Ă tort) la production cinĂ©matographique hexagonale. En l'occurrence, le champ de la science-fiction ou l'anticipation plus ou moins catastrophiste, dont on rappelle ce qu'il doit Ă des auteurs tels que Jules Verne, Pierre Boule (La Planète des Singes) ou Rochette & Lob (Le Transperceneige).Â
Renouant avec ce principe de la comĂ©die fantastique reposant sur des paradoxes temporels dont Zemeckis fut le hĂ©raut pour la pop culture, Le Visiteur du futur est ontologiquement liĂ© Ă des problĂ©matiques politico-environnementales (elles n'apparaissent qu'en seconde instance dans Retour vers le futur). Et si l'on s'amuse des dĂ©calages, des situations liĂ©es Ă l'effet papillon, des personnages comme des nombreux clins d'œils - aussi nombreux que les camĂ©os -, on ne perd jamais de vue la gravitĂ© du propos : Ă©viter une apocalypse atomique Ă bien des Ă©gards rĂ©aliste. Amendant sa distribution initiale de nouvelles tĂŞtes, François Descraques montre aussi son potentiel de rĂ©alisateur de film Ă grand spectacle et d'action, notamment lors d'une sĂ©quence qui n'a pas grand chose Ă envier au 1917 de Sam Mendes. Très prometteur pour l'inĂ©vitable suite que ce coup d'essai mĂ©rite.
 De François Descraques (Fr., 1h42) avec Florent Dorin, Arnaud Ducret, Enya Baroux...
★★★☆☆ Plan 75Â
Un futur proche au Japon. L'inexorable augmentation de la population vieillissante conduit les autorités à mettre en place un programme d'euthanasie volontaire pour les personnes âgées de plus de 75 ans, contre rétribution. De quoi tenter des aînés confrontés à une précarité grandissante...
Connu sous le nom d'ubasute, le concept visant à éliminer physiquement de la société ses représentants les plus âgés a déjà donné lieu à de nombreuses représentations - et d'ailleurs été porté à l'écran plusieurs fois dans La Ballade de Narayama. Celle que propose Plan 75 glace davantage dans la mesure où elle n'apparaît pas comme le témoignage d'une tradition inscrite dans une époque révolue, mais bien comme une possibilité imminente - une mesure politique dévoyant les services sociaux, rendue crédible par la progression des idéologies fascisantes et l'apathie sociétale face aux questions de solidarité. Chie Hayakawa montre que justifier la mise à mort d'une catégorie de citoyens par de pseudo-raisons humanitaires vise surtout à banaliser un tabou : une fois l'idée du géronticide acceptée, l'État peut ensuite abaisser la limite d'âge, étendre sa mesure aux SDF etc. Il n'y a que le premier pas qui compte, dit-on. En s'attachant à une vieille dame peu à peu mise au ban du monde, à un employé gouvernemental "vendant" ce "service",  Plan 75 met des visages, des vies et une réalité tangible sur ce programme technocratique nanti d'un logo tout mignon. Et en révèle l'absolue monstruosité.
De Chie Hayakawa (Jap., 1h52)Â avec Chieko Baisho, Yumi Kawai, Hayato Isomura...