Films sortis en salles la semaine du 12 juillet 2023

Lundi 10 juillet 2023

Photo : ©Haut et Court

À voir

★★★☆☆ Les Algues vertes 

Journaliste d'investigation travaillant occasionnellement pour une grande radio, Inès Léraud s'intéresse à une série de morts en Bretagne attribuées à des algues vertes. Cherchant à comprendre les raisons de leur prolifération, elle reçoit intimidations et menaces d'une partie du monde agro-industriel...

L'enquête initiale était polémique, la BD qui s'en était inspirée avait remis une pièce dans la machine ; on peut s'attendre à ce que le film adapté de cette dernière continue à remuer la vase saumâtre et méphitique que d'aucuns auraient aimé laisser pourrir sans bruit. Nommant sans crainte ceux qu'ils accusent d'être responsables de l'eutrophisation, donc prolifération de ces marées toxiques (les tenants de l'agro-industrie), Les Algues vertes suit de manière assez classique le parcours d'une lanceuse d'alerte confrontée à l'intimidation physique, au déni et à l'impuissance des politiques ou de ses employeurs face aux lobbies économiques. Si l'on ne s'étonne guère de trouver Pierre Jolivet à la réalisation d'un film socialement engagé, ce n'est pas Céline Sallette qui marquera les esprits : elle est égale à elle-même, à la limite de la transparence. Plus surprenantes s'avèrent les interprétations de Julie Ferrier, en veuve de victime, et de R. Jonathan Lambert dans la peau d'un élu façon Loïg Chesnais-Girard, le président de la région Bretagne.

De Pierre Jolivet (Fr. 1h47) avec Céline Sallette, Nina Meurisse, Julie Ferrier...


★★★☆☆ Les Herbes sèches 

Enseignant dans un village au plus profond de l'Anatolie, Samet espère sa prochaine mutation à Istanbul. Au retour des vacances d'hiver, sa vie monotone est chamboulée par un problème avec des élèves mais aussi par sa rencontre avec une jeune femme de la ville d'à-côté, une professeur d'anglais boiteuse...

Quand la rumeur et la jalousie peuvent détruire des vies, aidées en cela par le silence complice et la lâcheté des autres. Nuri Bilge Ceylan dévide un fil avec lequel il a déjà brodé, comme enivré de sa propension à étirer le temps dans des conversations obliquant lourdement en joutes oratoires qui épaississent l'augment initial. La dénonciation calomnieuse était un sujet en soi ; l'intrigue amoureuse (où un homme s'ingénie de manière perverse à conquérir une femme alors qu'il sait pertinemment qu'un rival éprouve des sentiment à son égards, comme dans de Burning de Lee Chang-dong) en était un autre ; hélas les deux se neutralisent et provoquent un sentiment de trop plein dans cette ambiance statique. De manière involontaire Les Herbes sèches fait écho à Vers un avenir radieux de Moretti, dans lequel des "représentants" de Netflix préconisent un moment « what the fuck ». Il s'agit en l'occurence d'une séquence où Samet sort littéralement de l'espace diégétique que constituent le décor et le plateau, croise l'équipe de tournage pour aller se rafraîchir en coulisses. L'intrigue se poursuit ensuite, sans explication. À chacun de gloser sur la supériorité du cinéma par rapport à la vie, le mentir-vrai de la fiction, l'illusion du réel etc. Vous avez 3h17, on ne ramasse pas les copies à la fin.

De Nuri Bilge Ceylan (Tur.-Fr.-All.-Su., 3h17) avec Deniz Celiloğlu, Merve Dizdar, Musab Ekici...