Godard typographe
Cinéma / Chez Jean-Luc Godard, le texte à l'écran devient un langage à part entière. L'exposition explore sa recherche typographique et révèle ses influences, ses expérimentations et sa filiation avec Maximilien Vox, figure du design graphique français.

Photo : Jean-Pierre Léaud dans La Chinoise
Avant de fermer pour travaux de juin 2025 Ă janvier 2027, le musĂ©e de l'Imprimerie et de la Communication graphique nous invite Ă explorer la recherche typographique de Jean-Luc Godard. CinĂ©aste de la Nouvelle Vague qu'on ne prĂ©sente plus, Godard a contorsionnĂ© la forme filmique au grĂ© de sa crĂ©ativitĂ©. Ses petits mots distillĂ©s Ă l'Ă©cran, Ă travers une couverture de livre (ses personnages lisent beaucoup) ou une affiche dans la rue, jamais choisis au hasard, vont de pair avec des choix typographiques. Ce que l'on sait peu, c'est que son grand-oncle Maximilien Vox fut l'un des plus grands designers graphiques français de son Ă©poque (et fondateur des Rencontres internationales de Lure autour des cultures graphiques). Ainsi l'exposition explore la filiation familiale, mais aussi artistique avec certains de ses pairs, tels que Marguerite Duras ou Roman Cieslewicz, l'un des chefs de file de l'Ă©cole polonaise de l'affiche.Â
« Pas des images justes mais juste des images »
« C'est rare d'exposer la recherche » dit la commissaire de l'exposition Paule Palacios-Dalens, docteure en esthétique et autrice de deux ouvrages consacrés aux liens de Godard avec la typographie. C'est précisément ce qu'on peut observer dans le patchwork de l'exposition. On découvre ainsi ses trois périodes typographiques : la période Antique Olive (typographie créée par Roger Excoffon) ou l'ère bleu-blanc-rouge, ainsi que la période suisse avec la fameuse Helvetica (qui correspond à son retour en Suisse, d'où il est originaire), et enfin la période "pasteurisée" ou l'ère des polices d'écran. Découverte aussi du chemin de fer d'un numéro des Cahiers du Cinéma de 1979 réalisé par Godard lui-même (le magazine invitait des artistes à le faire). Plus loin, des images du premier téléfilm de Godard, lors de l'arrivée de la couleur à la télévision (il fut censuré). En somme, « pas des images justes mais juste des images » comme le disait Godard lui-même.
Jean-Luc Godard, le typographe à la caméra
Jusqu'au 4 mai au musĂ©e de l'Imprimerie et de la Communication graphique (Lyon 2e) ; 6 Ă 8 €