Myra, l'hiver à 37 degrés
Neo soul / Avec sa soul empruntant à la fois au jazz et au RnB, Myra embrasse une musique sensuelle et atmosphérique, vocalement incarnée et dotée d'une écriture inspirée. Elle est à (re)découvrir sur la scène de Bizarre ! au sein d'un plateau entièrement féminin durant le festival Essenti'[elles].

Récemment, plusieurs vidéos courtes autour des mêmes morceaux (La Fête et Des Fleurs), réalisées par l'artiste elle-même, accompagnaient la sortie du dernier EP de Myra, Après la pluie. Conçues en plans fixes, épurées et fourmillant de petits détails. Au cours de ces mini-clips, on voyait la chanteuse décliner ses titres dans des décors changeants, plaçant la musique en enjeu central. Derrière l'exercice promotionnel minimaliste, se devine un désir de reprendre des codes contemporains (et quotidiens) afin de les conformer à des aspirations personnelles. Une initiative qui s'accorde avec une démarche musicale, qui, depuis ses débuts, tend à chercher l'essence des genres investis (soul, jazz, RnB) en vue de se les approprier.
Mélancolie solaire
Artiste plurielle (autrice, chanteuse, actrice, compositrice, réalisatrice) revendiquant une musique organique, elle redonne du poids aux mots sans minorer les compositions ou négliger les mélodies. Une approche très pure et dépourvue d'artifices, mue par une volonté de styliser sa réalité : « Dans ma tête j'suis plus stylée que dans la vraie vie ». Myra nous invite à partager pudiquement une intimité transformée en ballade sonore libre et audacieuse. Sa voix grave et faussement délicate s'amuse à orienter l'attention à travers des textes aux images souvent cinégéniques, fondés sur une poésie spontanée et instinctive. Chez elle, la sensualité tient autant à l'interprétation qu'à l'érotisme suggestif de certaines paroles (« Je ne parle qu'avec ton corps et il me dit que tu m'aimes encore »).
Elle élabore un envoûtant mélange entre une simplicité brute et une sophistication discrète. Sa capacité à parler de ses douleurs en douceur, à faire de ses rêveries un espace chaleureux et parfois même festif, peut s'appuyer sur un usage malicieux des oxymores. Son univers flottant et partiellement éthéré a quelque chose de réconfortant et d'inquiet, où la maturité est fréquemment rattrapée par l'innocence.
L'amour toujours
En quatre EP solo et une réjouissante mixtape (Passions câlins) riche en invités (Rad Cartier, Chilla, Némir...), Myra n'a cessé d'enrichir une proposition pulsionnelle et sentimentale. De son premier opus (Projet 7) en langue anglaise au récent (et excellent) Après la pluie, elle a su s'éloigner de ses références (Erykah Badu, Cesária Évora, Billie Holiday...) sans les effacer. Cette « mise à distance » a ouvert un nouvel espace de proximité, plus personnel et en le même temps plus universel, où ses mots résonnent intimement en chacun à la manière d'un écho. Ses sonorités, immédiates et entêtantes, distillent alors une sensation précieuse à l'écoute : l'envie de se perdre dans ses climats musicaux, changeants, troublants et apaisants.
Myra partagera la scène de Bizarre ! aux côtés de La Valentina (vue dans la saison 2 de Nouvelle École) et son rap bilingue (français et espagnol) ainsi que de Kïerra et son RnB vaporeux. Ce concert 100% féminin s'inscrit dans le cadre du festival Essenti'[elles] organisé par la ville de Vénissieux à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes.
Myra + La Valentina + Kïerra
Vendredi 7 mars à 20h30 à Bizarre ! (Vénissieux) ; de 5€ à 15€