Edge, virées nocturnes
Hip-Hop / Rappeur et chanteur, kickeur et mélodiste, Edge navigue entre plusieurs ères et écoles du hip-hop français et américain. Il affirme sa singularité avec fluidité, conviction et aussi un beau soupçon d'insolence.

Photo : EDGE © Sony Music
Découvert aux côtés de partenaires de haut vol, à l'instar d'Alpha Wann (20 000) ou Jazzy Bazz (Zone 19, Dark City), Edge a su faire entendre sa voix. Mieux, il est parvenu à se créer un espace perméable à ses références américaines du milieu des années 2000 (Fabolous, Chamillionaire), son entourage de techniciens « puristes » et sa propre personnalité. Architecte d'une esthétique sonore, où la temporalité semble dilatée, il arpente un territoire musical en perpétuelle reconfiguration.
Ridin'
Qu'on écoute ses projets courts (Off, Offshore, Janvier...) ou collaboratifs (En lessguill avec Ratu$ ou Private club avec Jazzy Bazz et Esso Luxueux) jusqu'à son récent premier album (De janvier à janvier), Edge ne paraît jamais posé. Insomniaque toujours en mouvement, sa musique nous installe à bord d'un véhicule dont il a le contrôle. Il nous invite à pénétrer sa réalité et ses peines, à visiter son passé et son présent dans un geste assuré. Son rap chanté (aux sonorités parfois hybrides dans une veine post-Laylow) se révèle discrètement inquiet et fêlé derrière son attitude foncièrement cool.
Slowmotion
Mélancolique et introspectif, il sait aussi se montrer virulent et sortir de sa bulle pour se confronter sans détours au réel. On pense au rageur et salvateur Opps et 17 avec Oldpee de 13 Block, dans l'héritage du classique du groupe sevranais Fuck le 17. Cette approche exceptionnellement hardcore se pose en contrechamp exacerbé d'un hip-hop pensé comme une confession planante, pudique et transparente. Qu'il se livre directement ou métaphoriquement, Edge se cache finalement peu derrière des textes qu'il prend néanmoins soin d'habiller au gré de ses mélodies. Sa sérénité empreinte de fatalisme et ses éclats de lumière au milieu d'un décor ombragé, troublent des balades accrocheuses dans la forme, nettement plus retorses dans le fond.
Edge
Vendredi 28 mars 2025 à 20h au Sucre (Lyon) ; 25€