Dix expositions à découvrir en juin à Lyon
Sélection / Du questionnement sur la condition humaine à la réflexion sur l'impermanence du monde, des métamorphoses de la matière aux récits mystiques du ciel, chaque événement de cette nouvelle sélection pousse à une interrogation sur notre perception, notre mémoire et notre place dans le monde. Des œuvres qui oscillent entre le visible et l'invisible, l'éphémère et l'éternel, s'exposent à travers la peinture, la sculpture, l'installation et la photographie, proposant une rencontre entre le tangible et l'intangible, la réalité et le rêve.

Photo : Ute Müller, Untitled, 2024-2025, gouache sur toile réfléchissante, bois, métal, 28 x 40 x 2cm. Ute Müller, tous droits réservés : la Salle de bains
Sharp soft

Peinture / Sharp soft ne se limite pas à confronter le tranchant et le diffus : elle explore leur coalescence, la soudure de deux surfaces. Swaney, Richardson et Parasková, chacun et chacune selon des procédures distinctes, interrogent la fabrique de l'image à l'ère post-medium. Swaney mobilise une iconographie volontairement naïve pour la plier à des dynamiques absurdes et critiques ; Richardson détourne les outils digitaux pour générer des pictogrammes monumentalisés, jouant de la friction entre spontanéité simulée et contrôle algorithmique ; Parasková, quant à elle, fait de l'atelier un palimpseste, où les résidus deviennent matière signifiante. Le tout compose un champ plastique instable, où chaque surface devient un lieu de négociation entre programme visuel et mémoire matérielle.
Sharp soft par Ester Paraskova, Kes Richardson et Mike Swaney
Jusqu'au 21 juin 2025 à la galerie Masurel (Lyon 2e) ; entrée libre
Instants suspendus

Peinture / L'exposition Instants suspendus réunit les œuvres de Mireille Cornillon et Lionel Stocard dans une exploration sensible et métaphysique de la lumière et du paysage. Cornillon nous immerge dans des atmosphères où les bleus, les orangés et les lumières instables suspendent le temps. Ses toiles, empreintes de mélancolie, révèlent des instants éphémères, des fragments de mémoire qui semblent surgir d'un rêve hopperien. À ses côtés, Stocard interroge le rapport entre l'eau, la lumière et l'architecture, en nous plongeant dans des visions où les paysages prennent une dimension surréaliste et onirique. Ses œuvres, à la fois abstraites et figuratives, invitent à une réflexion sur l'impermanence et le flux constant de l'existence. Les deux artistes dessinent un dialogue entre l'intime et l'universel, l'éphémère et l'infini, dans un ballet de lumière et d'ombre enveloppé de silence et contemplation.
Instants suspendus par Mireille Cornillon et Lionel Stocard
Jusqu'au 26 Juin 2025 à la galerie C. Mainguy (Lyon 1er) ; entrée libre
Face au paysage

Peinture / Face au paysage dévoile une réflexion subtile sur l'entrelacs entre le monde construit et la nature sauvage. L'artiste, à travers une approche documentaire, capte des sites en mutation ou abandonnés, où l'humain et la végétation semblent coexister dans une ambiguïté poétique. Ses toiles, parées de teintes chaudes et solaires, esquissent des lieux où l'architecture se fond dans un paysage que la nature, en un geste lent et inexorable, revendique. Loin de l'opposition frontale, Komili expose la fragile harmonie entre les éléments, une mise en lumière de la fugacité des lieux et des instants, une méditation sur l'éphémère et l'indéfini.
Face au paysage par Komili
Jusqu'au 28 juin 2025 à la galerie Valérie Eymeric (Lyon 2e) ; entrée libre
Là où le ciel tremble

Installation ufologique / Là où le ciel tremble déploie une exploration des récits ufologiques à travers une approche visuelle qui mêle art, anthropologie et fiction. Laissant résonner des méthodologies de montage chères à Aby Warburg, les artistes juxtaposent des images historiques et contemporaines, notamment celles des OVNIs, des phénomènes célestes, littéraires ou populaires afin d'investir la salle d'exposition avec des vêtements liturgiques ou des objets évoquant l'exploration céleste. Par cette juxtaposition, les œuvres de Louise Charlier et Joséphine Topolanski ouvrent un champ d'étude sur la manière dont l'imaginaire collectif se nourrit de récits extraterrestres, et comment ces récits, à la fois modernes et ancestraux, participent à la formation de nouvelles croyances. À l'instar des images et des symboles qui émergent des observations ufologiques, leur travail convoque un dialogue entre science, métaphysique et spiritualité, rendant tangible ce qui demeure en dehors de l'expérience ordinaire.
Là où le ciel tremble par Louise Charlier et Joséphine Topolanski
Jusqu'au 11 juillet 2025 à Kommet (Lyon 7e) ; entrée libre
Entre-deux

Peinture / Les œuvres inédites d'Ute Müller invitent à une immersion dans les jeux subtils de la visibilité et de l'invisibilité, sur les images et leur devenir. À travers une série de peintures discrètes, Müller interroge le geste même du regard, questionnant non seulement ce que l'on perçoit, mais aussi ce que l'on choisit d'ignorer. Son travail, qui floute les frontières entre supports, engage un processus de transformation continue des formes, où chaque œuvre devient une mise en scène de l'éphémère et du latent. Les glissements de la surface réfléchissante soulignent l'invisible qui émerge dans le visible, en une dialectique où l'espace expositif devient un lieu de recherche sur la perception et le processus de l'art. L'exposition explore ainsi les marges de l'expérience visuelle, invitant à un questionnement de la certitude esthétique et à une redéfinition des limites du regard.
Entre-deux par Ute Müller
Jusqu'au 12 juillet 2025 à la Salle de bains (Lyon 1er) ; entrée libre
Storage wars

Installation / Storage Wars d'Alice Bertoye explore les dynamiques complexes entre l'objet, la mémoire et l'espace de stockage. À travers une pratique hybride mêlant peinture et sculpture, l'artiste interroge la matérialité des objets accumulés et leur capacité à incarner des archives émotionnelles et temporelles. Ses œuvres, qui déconstruisent les relations entre le passé et le présent, révèlent les tensions entre la conservation et l'effacement. Bertoye questionne ainsi les logiques de rangement, de classification et d'oubli, tout en offrant une réflexion sur la manière dont nous construisons et sublimons notre histoire personnelle, parfois de manière paradoxale. Cette démarche invite à repenser les espaces où la mémoire se dépose et les objets qu'elle nous laisse.
Storage wars d'Alice Bertoye
Jusqu'au 25 juillet 2025 à L'attrape-couleurs (Lyon 9e) ; entrée libre
Shēng Dòng : Le cycle éternel des métamorphoses infinies

Sculpture / L'exposition Shēng Dòng propose une immersion dans un univers où la matière devient le miroir des processus naturels et humains. À travers des sculptures monumentales en ramie, fibre végétale chargée d'histoire, l'artiste déploie des formes fluides et organiques, suspendues dans l'instant d'une métamorphose perpétuelle. L'œuvre interroge la fragilité et la résilience de l'existence, explorant la tension entre l'éphémère et le durable. Wanbing Huang nous offre une méditation sur le cycle sans fin des transformations, où chaque création semble incarner l'équilibre précaire entre le chaos et l'ordre cosmique.
Shēng Dòng : Le cycle éternel des métamorphoses infinies par Wanbing Huang
Jusqu'au 26 juillet 2025 au Nouvel institut franco-chinois (Lyon 5e) ; entrée libre
Épitaphe

Gravure / Épitaphe active une réflexion poignante sur la condition humaine. À travers des œuvres où la violence et la dégradation des figures humaines sont omniprésentes, l'artiste invite à une forme de sublimation. Cette immersion visuelle et émotionnelle interroge le spectateur sur la fragilité de l'existence et la beauté qui peut émerger de l'horreur. L'exposition offre de ce fait un espace de contemplation intense, où l'art devient un miroir de notre humanité.
Épitaphe par Suan Müller
Jusqu'au 31 juillet 2025 à la galerie Autour de l'image (Lyon 2e) ; entrée libre
L'empire des signes

Photographie / Philippe Chancel, à travers une approche analytique et délibérément critique, déconstruit les représentations visuelles héritées du colonialisme, en scrutant les signes - affiches, slogans, masques - qui structurent l'espace social et culturel des sociétés africaines contemporaines. Son œuvre dépasse le cadre d'une simple observation documentaire pour s'apparenter à une exploration des codes visuels, dans lesquels la pluralité des influences culturelles et géopolitiques se déploie. Chaque image devient ainsi une réponse aux simplifications imposées par les récits dominants, offrant au public une vision complexe et multidimensionnelle.
L'empire des signes par Philippe Chancel
Jusqu'au 27 septembre 2025 au Bleu du ciel (Lyon 1er) ; entrée libre
Lyon, ville rêvée
Peinture / Lyon, ville rêvée présente une sélection d'artistes ayant contribué à façonner la représentation de notre ville dans la peinture contemporaine. Des artistes tels que Cottavoz, Truphémus et Fusaro offrent des perspectives variées de la ville, explorant ses paysages urbains, ses architectures et sa lumière. Jean Couty, qui disait que « la couleur et la lumière de Lyon sont magiques », incarne cette relation intime entre l'artiste et la ville. Grâce à des prêts importants - du musée Paul-Dini, de la Tomaselli collection, de la galerie Estades et de nombreux prêteurs privés - l'exposition met en lumière la diversité des approches artistiques et la manière dont Lyon, à travers ses différents quartiers et rives, inspire des œuvres aux langages visuels distincts, tout en soulignant les évolutions urbaines du XXe siècle.
Lyon, ville rêvée. Lyon vue par les artistes lyonnais du XXe siècle à nos jours
Jusqu'au 18 janvier 2026 au musée Jean Couty (Lyon 9e) ; de 0 à 6€