En chiens de Navarre, et de faïence

Vendredi 13 juin 2025

Théâtre / Pour la quatrième fois consécutive, la compagnie des Chiens de Navarre donne naissance à sa nouvelle création dans le cadre des Nuits de Fourvière. Présenté au TNP du 24 au 28 juin, le spectacle "I will survive" mettra t-il fin à une série de spectacles décevants et même gênants ?

Photo : © Alex Russell Flint

Longtemps accueillis aux Subsistances (Les Armoires normandes, On va vieillir ensemble...), les Chiens de Navarre sont fidèles aux Nuits de Fourvière depuis que Jusque dans vos bras a été créé en 2017, en plein air à l'Odéon. Le sujet ? Sociétal, comme souvent. Et aussi, collé à l'actualité, en l'occurrence l'identité nationale. Mieux valait rire de ce concept bêtement patriotique tout droit sorti de la Sarkozie mais une étrange gêne se glissait déjà dans cette farce pourtant joyeusement délirante et traversée par un De Gaulle géant : on s'y moquait par exemple d'un gamin immigré, décontenancé face aux questions des agents de l'Ofpra. Cette façon de tout passer à la sulfateuse - leur marque de fabrique - n'a cessé d'enfler dans le très scatologique Tout le monde ne peut pas être orphelin, qui explorait le thème de la famille. Il y a trois ans, Jean-Christophe Meurisse, chef de troupe qui a créé la compagnie en 2005, enfonçait le clou avec La Vie est une fête. Au sein d'un service d'urgences psychiatriques, les patients étaient ridiculisés, les représentants politiques pathétiques mais toujours sauvés. Et, en pleine époque des Gilets jaunes, les blessés des manifestations évoquées n'étaient pas les manifestants (à qui il était reproché de faire trop de bruit) mais... les policiers ! Et la jolie évocation en fil rouge du chanteur Christophe ne masquait pas que les citoyens enclins à un monde plus vivable en prenaient pour leur grade ; le vocabulaire des écologistes était vilipendé quand il était question de l'usage des « gourdes » et de « repulmoner les espaces ». Bien sûr, il est possible de rire de tout - Hara Kiri, Desproges sont passés par là - mais à force de constamment stigmatiser les minorités et de régler le compte des puissants par un bisou comme lorsqu'est évoqué le cas Macron, ça devient lugubre.

Laisser aboyer les chiens

Selon le dossier de la compagnie, la nouvelle création I will survive évoque deux grands procès « fictionnels mais inspirés de faits réels, celui d'une femme qui a tué sauvagement son mari après avoir subi de sa part durant des années des violences physiques et sexuelles et celui d'un humoriste célèbre auteur d'une blague fort malheureuse sur les violences ». Reste à savoir de qui l'on rira. Ou pas.

I will survive
Du 24 au 28 juin 2025, au TNP (Villeurbanne) ; de 14 à 28€
Dans le cadre des Nuits de Fourvière

I will survive

Mise en scène de Jean-Christophe Meurisse, par la compagnie des Chiens de Navarre, 1h45. Les Chiens de Navarre investissent le TNP pour convoquer un tribunal et des bribes de vie quotidienne de ses protagonistes : magistrats, avocats, accusés, victimes ou témoins sont précipités dans une comédie grinçante, traversée par deux procès inspirés d’affaires réelles, mettant en jeu des réponses aux violences sexistes.