Optimisme ambient : l'exercice du réel
Festival / Optimisme ambient revient aux Subs, du 10 au 14 septembre comme un espace de résonances, cartographie sensible parcourue de danses et de musiques électroniques.

Photo : ''Ad libitum'' de Simon Le Borgne et Ulysse Zangs ©DR
Loin d'une exubérance naïve, cette nouvelle édition du festival cultive une disposition intérieure : accueillir la nécessité du réel sans renoncer à la joie. La danse et la musique y deviennent exercices de pensée, au sens stoïcien : des pratiques qui apprennent à vivre avec l'instant plutôt qu'à l'esquiver.
Le spectacle inaugural du festival, Leather better d'Andréa Givanovitch, s'impose comme point d'ancrage de cette volonté de faire face aux choses du monde extérieur en accueillant l'imprévisible. Dans ce solo le danseur ne joue pas du vêtement comme d'un accessoire, mais comme d'un fardeau devenu instrument. Le cuir, chargé d'histoire et de fantasmes, se transforme en percussion de soi, transfigurant la contrainte en ascèse afin que la danse rejoigne l'éthique.

La matière comme cosmos sonore
Avec Puissante vulnérabilité, Odalie propose une plongée dans l'obscurité, non pas comme un vide mais comme une matrice, où le public apprend à accueillir les voix, les sons et les résonances comme autant d'événements à éprouver. Cette expérience, proche de la méditation ou de l'autoanalyse, suspend le visible pour inviter à interroger son propre espace intérieur. Dans une démarche complémentaire, Nova Materia travaille la matière brute - ferrailles et guitares électriques - afin d'en extraire un chant cosmopolitique. Ce qui pourrait d'abord sembler n'être que bruit révèle un ordre secret : un univers sonore où l'énergie inachevée du réel s'incarne et se transforme en beauté. Deux propositions invitant à déplacer la perception, oscillant entre une écoute intime de soi à et ouverture à la rugosité du monde.
L'endurance des corps
Dans Spongebabe in L.A., Mercedes Dassy propose un autoportrait ironique où la pop se défait de ses artifices, laissant apparaître l'épuisement d'un corps qui se montre sans répit. Plus qu'une critique, il s'agit d'un constat : fatigue et lucidité se confondent, sans ornement ni désespoir. Cette tension trouve un parallèle dans Ad libitum de Simon Le Borgne et Ulysse Zangs, où la danse et la batterie se confrontent dans un cycle de ruptures et de reprises. Les gestes se brisent et se relèvent, la circularité du dispositif impose un retour inévitable. Dans les deux propositions, la répétition n'est pas évitée mais habitée, et la chute apparaît moins comme un terme que comme la condition d'un nouveau départ.

En guise de conclusion, la Boum enfants de PiXMiX clôt le festival en donnant aux plus jeunes la maîtrise du son, inscrivant l'idée d'un art transmis plutôt que conservé, dans une passation marquée par le jeu.
Optimisme ambient ne se présente pas comme un refuge, mais comme une attention portée à ce qui persiste et se répète. Entre cuir, ombre, fatigue, matière et enfance, le festival propose une pratique collective où fragilité et endurance coexistent : l'optimisme évoqué n'est pas une promesse de facilité, mais une manière d'habiter le présent.
Optimisme ambient
Du 10 au 14 septembre 2025 aux Subs (Lyon 1er)Â ; de 0 Ã 18€