Charlemagne Palestine, mystique dorée
Transe organique / Après ses concerts à la Maison de Lorette en 2022 et à la Basilique de Fourvière l'année suivante, Charlemagne Palestine retrouve Lyon, poursuivant sa quête du "son d'or" : un continuum vibratoire où le corps, la musique et le monde ne font plus qu'un.
Photo : Charlemagne Palestine ©DR
Chanteur de synagogue à Brooklyn, carillonneur adolescent sur la 5e Avenue, Palestine découvre très tôt la puissance des sons continus et des bourdonnements. Entre le râga de Pandit Prân Nath (chanteur indien de musique classique), le minimalisme newyorkais et ses propres expérimentations au piano Bösendorfer, il façonne une pratique du son comme tension, lenteur et respiration.
Le projet de 70 minutes Schlingen-Blängen, amorcé en 1979 et enregistré pour la première fois en 1988, est loin d'être une simple pièce définitivement figée : il s'agit à l'inverse d'une matière en mouvement, performative, où les couches sonores s'accumulent, se densifient, s'alignent sur la respiration, se réinventant sans cesse selon l'instrument et le lieu. Pour sa nouvelle incarnation à la chapelle de la Trinité, Palestine s'empare de l'orgue "Explorateur" d'Yves Rechsteiner, instrument nomade, hybride, assemblant tuyaux anciens et technologies nouvelles, capable de prolonger le souffle même de l'œuvre.
Bouillabaisse sacrée
Décrivant le résultat de son travail comme une « bouillabaisse sacrée », Palestine souhaite évoquer un mélange d'états et de matières où le son devient monde. Écouter, chez lui, c'est apprendre à percevoir autrement, non plus seulement la musique, mais ce qu'elle révèle. Un murmure du réel, un accord lent qui épouse la nécessité vitale de l'être et qui nous transporte ailleurs : le hic et le nunc (l'"ici et maintenant") se transforment de ce fait en alibi nunc ("ailleurs, mais maintenant"). L'expérience refuse ainsi la fuite, optant pour l'intensification du présent, la transcendance dans l'immanence.
Comme à l'accoutumée dans ses performances, Palestine n'est pas seul : autour de lui, ses peluches-totems (King Teddy, Blind Monkey, Snoopy, les Schtroumpfs) qui veillent et qui absorbent l'énergie du lieu. Compagnons et gardiens d'une mythologie enfantine, ils transforment la performance en rite chamanique, permettant à la musique d'advenir, comme on laisse advenir le monde.
Schlingen-Blängen !!! par Charlemagne Palestine
Samedi 15 novembre à 21h à la chapelle de la Trinité (Lyon 1er) ; de 12 à 30€
                    
                    
                    
