Bonbec, un pied dans le tradi, un pied dans le moderne
Bistrot / Deux jeunes trentenaires ouvrent leur première affaire au sud de la préfecture. La formule est plutôt classique et la cave est plutôt belle.
Photo : La bonne nouvelle : Bonbec a aussi le goût des bonnes quilles. ©Bonbec
Lyon ronronne en ce début d'année scolaire, en tout cas côté tables. C'est plutôt « plat du pied, sécurité ». N'exagérons pas trop quand même. D'une, il y a des jeunes qui tentent encore l'aventure, malgré la crise. De deux, on peut faire "simple" et bon. Démonstration avec Bonbec, œuvre d'Oscar Goupil, ancien du Mob Hôtel et Pierre Dinet, redescendu de Paris et de la finance. Le nom ? On pense à bonbon, mais c'est plutôt une référence au "bec fin" du gourmet. Le lieu ? Dans une rue qui pâtit de son nom : on s'imagine au milieu des tours ou des trains, on est (ouf !) à quelques mètres du fleuve. Plus précisément à la place de Wee-An, bar à vins couru des sommeliers. La bonne nouvelle, c'est que les nouveaux venus, qui ont rafraîchi le local pour le faire adhérer à l'époque, ont aussi le goût des bonnes quilles.
Le Carco d'Antoine-Marie
La cuisine ? Elle se revendique « à la fois tradi et moderne », ce qui, a priori, n'a pas de sens. Disons que la carte s'autorise quelques exubérances (l'œuf mayo est relevé de sriracha, le rôti de bœuf de l'Aubrac s'accompagne d'une sauce aux algues, le filet de dorade est mouillé d'un bouillon à la citronnelle, le cœur coulant au chocolat est servi avec une chantilly à la fleur d'oranger, etc.), même si la formule déjeuner lorgne vers un répertoire plus classique. Lors de notre venue, on commençait à midi par un velouté de courge, servi bien chaud, ponctué d'éclats de châtaigne et de croutons au beurre. Une entrée en matière convenue mais bien réalisée et adéquate à la saison. Ensuite, une cuisse de poulet fermier, charnue, rôtie, posée sur du boulgour, accompagnée de carottes et d'une crème de comté fumée. Enfin, un excellent riz au lait - son côté réconfortant était surligné par un caramel au beurre salé, et le goût de la céréale était accentué par des grains soufflés. On lui a fait un sort au comptoir sur lequel étaient disposés les vins, servis au verre, dont un rare rouge de la famille Arena en Corse (en l'occurrence le Carco d'Antoine-Marie), une famille de vignerons qui a été pionnière sur l'île, à la fois pour la biodynamie, pour les vinifications "nature" et pour faire de Patrimonio un grand terroir. Trouver ce genre de bouteille dans un lieu tout juste ouvert et qu'on voyait plutôt faire la part belle aux cocktails, c'est, en soi, une bonne nouvelle.

Bonbec
7 Rue de la Part-Dieu, Lyon 3e
De midi à 15h et de 18h30 à minuit et demi. Fermé dimanche et lundi.
Menu déjeuner : 25€, carte : 33-44€

