La Programmation de l'ACID 2013 au Comoedia
Gagnez 10x2 places pour chaque séance au Comoedia les samedi 5 et dimanche 6 octobre
pour participer :
Téléphonez jeudi 03 septembre entre 12h et 12h45 au 04 72 00 10 20 EN PRÉCISANT LA/LES SÉANCES AUXQUELLES VOUS SOUHAITEZ PARTICIPER
Du 04 au 06 octobre 2013: L'ACID et le Comoedia s'associent pour vous présenter la reprise intégrale de la programmation ACID Cannoise.
Venez décourvrir pendant deux jours la sélection des films de l'ACID au Festival de Cannes 2013 avec:
Samedi 05 octobre 2013 à 11h00: "La Bataille de Solférino" de Justine Triet.
France. 2013 - 1h30.
Parole de cinéaste ACID
On nentre pas dans ce récit, on y est embarqué, on est jeté dedans. On est dans un appartement parisien, collé à des personnages, un beau matin déjà survolté. Cest que cest un jour pas comme les autres dans la capitale, et il y a un monde fou. Létau humain du coup se resserre autour des protagonistes qui sont très vite en zone rouge. En fait, cest pas grand chose si lon prend un peu de recul, si on sélève, si on respire plus calmement. Mais rien à faire, la tension monte, le rythme saccélère, la bataille fait bientôt rage dans un décor urbain des grand jours. Avec une impressionnante maîtrise du cadre et un sens précis de la mise en scène, Justine Triet va nous faire suivre de tout près un mini drame humain. Accrochée à son propos pour ne pas le perdre dans cette foule de la rue de Solférino, la jeune réalisatrice nous livre un film touchant, intime et juste sur notre condition danimal social. Jérôme le Maire, cinéaste.
Samedi 05 octobre 2013 à 16h00: "Swandown" dAndrew Kötting.
Royaume-Uni. 2013 - 1h34. VOST.
Parole de cinéaste ACID
« Les chemins les plus courts ne sont pas toujours des lignes droites » semble murmurer le cinéaste Andrew Kötting à loreille de son cygne en plastique. De labsurde, il nen a que faire dautant plus lorsquil sagit de chevaucher Édith, un pédalo portant fièrement la tête de loiseau susnommé, pour mieux remonter à contre-courant les eaux de Sa Gracieuse Majesté. Créateur déquipage, il invite lécrivain Iain Sinclair à venir partager son jardin. Le conte philosophique peut alors commencer.
La mer comme point de départ semble houleuse mais loiseau nest pas prêt de jouer son chant avant datteindre son but, Londres, capitale olympique. Mais lexploit na ici pas dautre chute que son exaltation des bras deau morts et boueux sur lesquels navigue notre vaisseau pirate. Les confluences sépanouissent dans ces tracés à travers les mots de quelques « êtres ordinaires », lhumour de léquipage, la présence dune nature magnifiée et les résurgences dHistoire. « Les dérives engendrent les collisions » et le voyage ouvre ses courbures en épousant les ailes du cygne.
Létrange attelage crée en pédalant un pèlerinage mythologique et onirique tout en préférant dans cette odyssée contemporaine la beauté des chemins de traverse buissonniers et poétiques aux exploits dolympiades ostentatoires. Andrew Kötting se transforme ainsi en « radio de chair » captant les sons du monde dans sa recherche de cygnes noirs
rouges ou verts comme ultimes preuves de nos vérités. Sa monture pourra alors peut-être senvoler.
Jean-Baptiste Germain et Guillaume Giovanetti, cineastes.
Samedi 05 octobre 2013 à 18h00: "Wajma" De Barmak Akram, en présence de l'équipe du film. S'en suivra un concert de Barmak Akram et ses invités.
France / Afghanistan. 2013 - 1h25. VOST.
Parole de cinéaste ACID
Wajma est une histoire damour à la fois douce et violente. Cest une pulsion de vie qui se libère spontanément de toutes les déterminations sociales. Le film nous fait goûter la fraîcheur dune jeunesse pleine des couleurs printanières, qui a envie doublier que les résidus de la guerre peuvent exploser à tous moments. Mais comment parler de la liberté, alors quon est emprisonné dans sa propre culture ?
Ainsi cette histoire singulière prend une dimension universelle, car les interrogations que propose Wajma nous renvoient à notre propre vision du monde et à notre rapport à autrui. Un jeune garçon qui a goûté ailleurs à une vie différente, une belle fille sensuelle et spontanée, un père plein de tendresse pour son enfant mais qui doit assumer son rôle de père, et une mère tendre et compréhensive mais impuissante, ce sont les protagonistes de ce drame simple et modeste, bénéficiant dune interprétation très juste des comédiens.
Nous sommes emmenés au cur de la vie réelle, les plans larges ne nous cachent rien de lenvironnement des personnages et nous montrent avec un réalisme puissant la vie de tous les jours. Ce film, qui nous montre lAfghanistan sous un jour beaucoup plus moderne quon ne sy attendrait, nous rappelle quil ne suffit pas de se contenter des signes apparents du progrès, et quil reste encore un long chemin à parcourir.Reza Serkanian, cinéaste.
Samedi 05 octobre à 21h00: "Braddock America" de Jean-Loïc Portron et Gabriella Kessler.
France. 2013 - 1h43. VOST.
Parole de cinéaste ACID
Herbes folles, maisons abandonnées, stade déserté de sa jeunesse, Braddock, petite ville américaine des environs de Pittsburgh, a perdu sa raison de vivre, lacier.
Le film, par la qualité des voix qui sexpriment, les évocations du temps de sa splendeur industrielle, lui redonne son énergie avec son univers de poussière et de feu, sa combativité avec les dénonciations de la rapacité des patrons au mépris des ouvriers. Par un glissement subtil entre de somptueuses images darchives et les témoignages des survivants de cette apocalypse, Braddockraconte son histoire tout en racontant la nôtre, celle de nos villes européennes frappées par le même mal, la désindustrialisation. Bel hommage cinématographique à une ville où lenfer dhier sest transformé en paradis perdu, écho nostalgique de la fin dun empire. Daisy Lamothe, cinéaste.
Sous les images, la violence, la douleur, le désespoir, une ville fantôme
Le combat dhabitants et danciens ouvriers, pour ne pas sombrer, pour ne pas être rayés de la carte, pour ne pas être abandonnés comme les meubles de leurs voisins jetés à la rue, le désir fou de se reconstruire sur des friches malgré les corps alourdis, derniers remparts contre loubli et les désillusions, lenvie de croire quil est encore possible de réinventer la vie. Béatrice Champanier, cinéaste.
Dimanche 06 octobre à 11h15: "Grandir" de Dominique Cabrera.
France. 2013 - 1h32.
Paroles de cinéastes ACID
Le temps file et pourtant
il demeure tant que Dominique Cabrera se remémore, retient et collectionne avant que tout ne se désagrège - des semblants de petits riens du quotidien dune famille aux ponctuations traumatiques qui balisent les passages dune lignée ici-bas.
Immortaliser la somme de ces moments vécus dans le chaos de lexistence, lexercice est déjà périlleux pour la quiétude de lesprit ; mais sy prêter pour tenter de (re)construire un récit en images - qui fasse sens pour soi-même, les siens et autrui - relève de la haute voltige. Car on ne fait pas impunément cinéma de sa famille ; la transgression guette et beaucoup sy perdraient.
Contre vents et marées, angoisses et insomnies, la cinéaste sy attelle pourtant sans jamais lâcher prise. Constante dans sa quête et bien consciente du précipice au-dessus duquel elle évolue, elle se meut avec une infinie grâce, alliée à sa caméra, libre et vivante, qui vibre et respire à lunisson de ses corps et âme - légère et grave, fébrile et joyeuse.
Ce faisant, en questionnant sans relâche la généalogie singulière de son identité, elle réussit à interroger la nôtre ; en tentant de compenser sa perte, elle sévertue à combler les nôtres. Et lamour irradie de partout, gorgé de générosité et de respect, de pudeur et de tendresse, il circule à lécran, dune époque à lautre, entre protagonistes et générations présentes ou disparues.
Cest là une des grandes vertus de ce cinéma ; mélancolie et obsession guettent, mort et effacement rôdent, mais il ne cesse de respirer la vie. Laurent BÉCUE-RENARD et Amélie VAN ELMBT, cineastes.
Dimanche 06 octobre 2013 à 14h00: "L'étrange Petit Chat" de Ramon Zürcher.
Allemagne. 2013 - 1h12. VOST.
Parole de cinéaste ACID
Film jubilatoire, film fantastique, ce premier film brillantissime, inspiré très librement de La Métamorphose de Franz Kafka, relève le défi de saisir linvisible ; et on pense bien sûr à Resnais dans cette ambition de filmer linconscient.
Dans la maison chaleureuse dune famille de la bourgeoisie moyenne, parentèle, animaux et objets domestiques peuplent une journée ordinaire. Mais cest linquiétante étrangeté du quotidien qui est ici mise en scène. Les lieux sont imprégnés dun ozone subtilement surréaliste. En deçà de lagitation ritualisée, chacun est enclos dans son imaginaire et ses obsessions. Sous lapparence de conversations, les monologues se superposent. Lhyperréalisme des icônes du quotidien, robots et jouets, font vibrer dinquiétantes stridences.
Dans ce petit théâtre domestique, les enfants ont un statut particulier : quasiment médiumniques, ils sont les réceptacles obligés des non-dits qui troublent la surface des apparences. Un jeune garçon à létrange beauté dun Terence Stamp semble débarqué du Théorème de Pasolini et visiter le film sans en être, comme effrayé par ce quil observe. Quant au chat, son privilège de nyctalope le fait accéder au monde des fantômes. Souvenir ancien dun drame passé, prémonition dun drame à venir ? De quelle hantise cette métaphysique de linvisible est-elle la métaphore ? Ou tout simplement suivre la jolie piste quincidemment nous livre un personnage : « La place du spectateur est dans le ronronnement du rêve du chat ». Cati Couteau, cinéaste.
Dimanche 06 octobre 2013 à 15h30: "C'est eux les Chiens" de Hicham Lasri.
Maroc. 2013 - 1h25. VOST.
Parole de cinéaste ACID
Un porte-voix sans visage articule des slogans en silence. Un journaliste et son équipe sondent la voix du peuple qui manque. Un fantôme aux traits émaciés, à la silhouette de Joao César Monteiro, ressuscité des morts des geôles dHassan II, reste muet, hébété au milieu des manifestations.
Léquipe de télévision se déporte vers ce corps lazaréen. Ce décadrage derrière la foule est un geste radical de cinéaste, une libération du pouvoir et de sa fabrique à images. La chasse à la réconciliation est ouverte. Quest devenu le Maroc depuis les rafles de 81 ?
On contemple le visage et le corps un tantinet burlesque de cet homme meurtri, oublié, qui porte les stigmates des mensonges de la Monarchie. Il absorbe les arrangements médiatiques de la culpabilité du pouvoir.
Dans cette fable tragique, Lasri compose un road movie punk, décapant, original, sur les révolutions arabes. Le film traverse une ville dévastée où le corps de la société marocaine reprend rage, conscience. Le « mouvement du 20 février » a-t-il bien eu lieu ?
Le tour de force de Lasri est de faire dune errance erratique un thriller haletant. Grâce du cinéma contre les images du flux médiatique qui produisent de loubli. Mise en scène virtuose contre le recouvrement de la mémoire. Grand film sur la renaissance du sentiment de la perception et la possibilité dune vie au présent. Après la perte des idéaux, il montre lévidence de leur nécessaire retour.
Tant que la révolution naura pas été à son terme, ses premières figures héroïques nous hanterons avec insistance. Vertu retrouvée des images de cinéma qui sopposent à celles qui nous enterrent.Un film viscéral qui hurle la nécessité dune renaissance. Fleur Albert, cinéaste.
Dimanche 06 octobre 2013 à 17h30: "Au Bord du Monde" de Claus Drexel, en présence de l'équipe du film.
France. 2013 - 1h37.
Paroles de cinéastes ACID
Claus Drexel nous emmène ailleurs. Cest-à-dire au centre de Paris. Un Paris de carte postale, voire dapparat, baigné dor nocturne. Mais un Paris désert, comme vidé de ses habitants, de toute vie, dans le secret de la nuit. Cest dans ce Paris sublimé mais totalement exsangue que la beauté confine soudainement à lobscénité. Peu à peu, derrière ce hiératisme mortifère, apparaissent comme rescapés dune civilisation déchue, des amas frémissants, des blocs de carton, des haillons. Une vie est là, fragile, précaire, qui va sûrement être balayée au prochain orage. Des clochards nous parlent. De plain-pied, la caméra les filme, leur fait épouser le décor. Remisés au bord du monde, le cinéaste les ramène au centre du plan.Ces êtres humains se confient au cinéaste, lui disent leurs subsistances, leurs peines, leurs espoirs. La parole est là, puissante, folle, mais toujours sophistiquée, elle prend sa place dans le décor. Nous sommes face à eux, avec eux, pour un moment, au cur de leur nuit. Le film nous emmène, à la façon de la science-fiction, au bord du monde, tout près du gouffre, jusquau vertige. Vertige de laltérité, mais également vertige de la proximité, tout se situe ici et maintenant.
Dans le collage quose la mise en scène, entre le trivial et le sublime, entre lindigence et la beauté séculaire, comment nous situer ?Cest la question que pose ce film. En osant le plus beau, le plus tapageur écrin de beauté pour ces êtres abandonnés, la caméra se pose quelque part entre une quête danoblissement et lironie dramatique la plus déplacée. Dans ce film, il règne une atmosphère de fin du monde. La carte postale est gâchée. Un film commence.Aurélia.
Georges et Fabianny Deschamps, cinéastes
Pour plus de précisions, rendez-vous sur le site du Comoedia : http://www.cinema-comoedia.com/index.pl?page=detaileve.shtml&id_evenement=24000 et sur le site de l'ACID : http://www.lacid.org/