ÇA CRAINT !

88 minutes de Jon Avnet (EU, 1h50) avec Al Pacino, Alicia Witt…Jon Avnet a vu 24 Heures Chrono à la télé. Il a trouvé ça pas mal, mais un peu trop trépidant à son goût. Non, ce qu’il faut quand on fait une intrigue en temps réel, c’est un casting amorphe, des tunnels dialogués interminables, des champs / contrechamps à n’en plus finir. Il faut que le summum de la tension psychologique soit une discussion téléphonique où Al Pacino, excédé par son interlocuteur et les menaces de mort proférées à son égard, se lève de sa chaise. Le tout relevé, bien évidemment, du climax final est le plus lent de tous les temps. FC Pathé Échirolles, Art et Plaisirs À l’intérieurd’Alexandre Bustillo et Julien Maury (Fr, 1h20) avec Béatrice Dalle, Alysson Paradis… (int.-16 ans)Comme c’est l’époque, osons cette métaphore : À l’intérieur, c’est une copie du bac philo où l’élève a plein de bonnes idées, mais où il fait une faute à tous les mots et confond Freud et Platon, sophisme et saphisme, etc. En effet, cette tentative de gore à la française a tout juste sur le papier (respect du genre, jusqu’auboutisme sans concession), mais est incapable de concrétiser à l’écran sans tomber dans le ridicule : musique stridente pour animer une bande-son plate comme de la Vittel, tunnels d’inaction dans un film pourtant ultra-court, dialogues approximatifs, flashs visuels répétitifs et gratuits, sfumato dans la maison façon rôti qui brûle dans le four, grossières erreurs scénaristiques pour quatre maigres rebondissements dans l’intrigue… Jusqu’à Pedro le chat qui rôde dans les placards, comme dans n’importe quel nanar de vidéo club. Les indulgents mettront la moyenne, les autres pleureront en silence les promesses gâchées en balançant un zéro pointé. CC La NefBande de sauvagesde Walt Becker (EU, 1h40) avec John Travolta, Martin Lawrence...Osons le grand écart culturel. Bande de Sauvages est à Three Amigos (John Landis, 1986) ce que Barb Wire (souvenez-vous, le navet avec Pamela Anderson) était à Casablanca : un faux remake “décalé“ et non assumé, une vraie réappropriation frauduleuse de thématiques fortes, détournées à des fins absconses. L’apparition finale de Peter Fonda, caution morale surprise que je ne peux m’empêcher de vous griller, ne rajoute qu’une couche d’amertume supplémentaire à cette célébration d’une certaine virilité proprette. FC Les 6 Rex, Pathé Chavant, Pathé Échirolles, Les Écrans, Art et PlaisirsLes Chansons d’amourde Christophe Honoré (Fr, 1h40) avec Louis Garrel, Clothilde Hesme…Après son plutôt réussi Dans Paris, Christophe Honoré a fait comme ces chanteurs qui enregistrent un tube auquel personne ne croyait, et qui tente vite fait mal fait d’en enregistrer un autre dans la foulée avec la même recette. Paris, les amours contrariés, la dépression, le deuil, la Nouvelle Vague : le shaker accouche cette fois d’un film qui confond spontanéité et bâclage, liberté de ton et air du temps conformiste, jeunesse et jeunisme, nouvelle chanson française et vieille rengaine auteuriste. CC La Nef, Art et PlaisirsFaussaireDe Lasse Hallström (EU, 1h55), avec Richard Gere, Alfred Molina…Vexé par le traitement réservé a son dernier roman, Clifford Earving (Richard Gere) décide d’arnaquer sa maison d’édition, en lui proposant les confidences “exclusives” du nabab Howard Hugues. Et Richard Gere vexé, ça donne… un très mauvais film, où l’on s’ennuie à mourir au bout d’à peine 25 minutes. La faute à des acteurs mauvais comme tout (on a connu Alfred Molina plus inspiré en Docteur Octopus dans Spider-man 2), un scénario médiocre et académique au possible, une réalisation fadasse… À éviter. DG Le Club (VO), Pathé ChavantGomez vs Tavarèsde Gilles Paquet-Brenner et Cyril Sebas (Fr, 1h37) avec Titoff, Stomy Bugsy…Cet invraisemblable truc (à un moment, on ne peut même plus employer le terme “film“) ne vaut guère mieux que son sinistre prédécesseur, à une exception près. En raison d’un “emploi du temps chargé“, Gilles Paquet-Brenner a délégué la réalisation des “scènes d’action“ au clippeur Cyril Sebas. Et là, c’est le drame. Infoutu de torcher un plan correct, plombé par un budget serré, Sebas atteint le zénith du nanar lors d’une reconstitution d’émeute urbaine à Sarcelles, filmée avec vingt figurants filmés en plan large dans un terrain vague. FC Les 6 Rex, Pathé Chavant, Pathé Échirolles, Royal, Art et PlaisirsNe le dis à personnede Guillaume Canet (Fr, 2h05) avec François Cluzet, André Dussollier...On avait vomi des crucifix en ébène devant l’ineffable Mon Idole, le premier film de Guillaume Canet. Si notre estomac a moins souffert devant Ne le dis à personne, adaptation “deux de tension“ du roman d’Harlan Coben, on a en revanche beaucoup de mal à comprendre l’unanimisme que le film suscite encore. Alors oui, effectivement, la scène sur le périph’ est correctement réalisée et François Cluzet y est excellent. Mais l’intrigue se partage entre mièvrerie et immobilisme, et Gilles Lellouche en lascar, je ne m’en suis toujours pas remis... FC Mon Ciné, Théâtre de la MurePirates des caraïbes 3, jusqu’au bout du mondede Gore Verbinski (EU, 2h48) avec Johnny Depp, Orlando Bloom…Une énigme : comment cette pataugeoire de près de 3 heures, dont même les plus ardents défenseurs sont incapables d’expliquer le scénario, où les arguments les plus accrocheurs des deux premiers volets (notamment le personnage de Jack Sparrow) sont bradés au profit de ce qui n’y a jamais réellement fonctionné (le bellâtre Orlando Bloom, l’insupportable singe et ses mimiques…), où l’aspect mythologique et épique est plombé par un deuxième degré consternant (le mariage en pleine scène d’action titanesque) et un j’m’en foutisme coupable de la part des participants à l’aventure, le réalisateur Gore Verbinski au premier chef, comment ce machin peut-il rencontrer un tel succès ? CC La Nef (VO), Les 6 Rex, Pathé Chavant, Pathé Échirolles, Les Écrans, Jeu de PaumeShrek le troisièmede Chris Miller et Raman Hui (EU, 1h33) animationOn y croit pendant cinq minutes. L’intro cite Sacré Graal et Buster Keaton, on se dit que “l’originalité“ va être au rendez-vous. Mais la franchise de l’ogre vert, plus qu’une histoire d’amour, c’est une belle histoire de chiffres à faire fantasmer n’importe quel costard cravate. 267 millions de dollars de recettes US pour le 1er (budget de 60 millions), 436 millions pour le second (budget de 75). Le 4 et le 5 ont déjà leurs sorties de programmées, donc pas de question de faire bouger le cahier des charges d’un iota, ou de distiller une once de personnalité artistique. FC Les 6 Rex, Pathé Chavant, Pathé Échirolles, Espace Aragon, Mon Ciné, Royal, Art et Plaisirs, Théâtre de la MureTout ira biende Robert Talheim (All, 1h27) avec Milan Peschel, Sebastian Butz...Notre idole Jean-Luc Le Tenia chantait ce merveilleux refrain : «Et pourquoi y a jamais rien sur arte le vendredi soir ? Y a toujours un téléfilm allemand pourri...». Refrain qui revient très vite en mémoire à la vision de Tout ira bien, une comédie dramatique garantie à 0% de mise en scène. Le pire, c’est que là où d’habitude ce type de films, peu préoccupés d’innovation cinématographique, brille par une certaine qualité d’interprétation ou de “regard” sur les personnages, il n’y a même pas ce minimum syndical-là. CC Le Méliès (VO)

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