Musique / Le Cabaret Frappé ne démérite pas et propose cette année encore une programmation très riche, où la qualité musicale prend le pas sur le clinquant. Damien Grimbert
Aussi importante soit-elle dans l'aura dont il bénéficie désormais, on n'épiloguera pas sur la convivialité du festival, savamment entretenue année après année par des estivants trop contents d'échapper au marasme culturel qui sévit habituellement sur Grenoble à cette période. Tout au plus se bornera-t-on à résumer le "concept" du Cabaret : un premier concert gratuit sous le kiosque à 19h, un deuxième payant à La Baraque, et une multitude d'animations dès la fin de l'après-midi (jeux du monde, apéros, lectures...) pour lier le tout. Car, bien évidemment, la richesse du festival réside avant tout dans sa programmation, cette année partagée autour de deux axes forts : les musiques du monde et les musiques actuelles. Les premières (à l'exception d'une soirée consacrée à l'Afrique réunissant le sénégalais Daby Touré et le guinéen Ba Cissoko) sont essentiellement axées vers leurs déclinaisons latines. Cuba avec Raul Paz et Las Ondas Marteles, les îles du Cap Vert avec la belle énergie de Lura, et bien évidemment le Brésil avec deux dates marquantes : en premier lieu, difficile de passer à côté de l'engouement grenoblois créé par la venue du célèbre Gilberto Gil, maître es bossa nova également ministre de la Culture du Brésil... Mais il serait tout aussi dommageable de manquer la prestation du talentueux Wagner Pa, d'autant plus qu'elle se déroulera à la piscine municipale Jean Bron. Soit le cadre idéal pour écouter la bossa-nova suave et festive du brésilien, qui sait se faire rafraîchissante tout en restant hautement élaborée, loin de la formule facile à l'emporte-pièce.Electronique vs acoustiqueEn ce qui concerne les musiques actuelles, la qualité ET la quantité sont également au rendez-vous, avec la venue de quelques agréables ovnis. Comme l'excellent Fred Poulet, dont la fusion entre chanson décalée et arrangements pop somptueux renvoie dans les cordes un nombre conséquent de représentants estampillés "nouvelle chanson française", quand il n'est pas trop occupé à composer la bande-son de films pornos pour John B. Root (sic). Autre intrus de choix, le collectif autrichien Bauchklang qui, à mi-chemin entre chant a cappella et beat-boxing, s'attache à recréer par un travail exclusivement vocal des atmosphères électro, drum'n'bass, trip-hop et reggae, sans laisser l'aspect performance prendre le dessus. On retiendra encore la soul-pop groovy euphorisante des Anglais de Little Barrie, la venue des très bons Sayag Jazz Machine qui fusionnent brillamment jazz et drum'n'bass, et pour rester dans les fusions électro/acoustiques, la très attendue soirée réunissant le parrain électronica Olaf Hund, à l'électro-jazziste Nicolas Repac. Tout ça pour conclure sur LA date à ne pas manquer, le concert du Canadien K-OS, exceptionnel artiste hip-hop acoustique dans la lignée des Roots ou de Common, qui clôturera en beauté le festival.Cabaret frappéDu 5 juillet au 6 août (Jardin de Ville, Grenoble)