Un roi avec divertissements

Et revoilà Victor Hugo, pour la énième fois. Mais Victor Hugo modernisé à coups de décors et d’accessoires bling-bling façon Jeff Koons à Versailles : clins d’œil appuyés à notre époque par François Rancillac qui monte ainsi Le Roi s’amuse. Un drame historique de 1832 longtemps censuré mettant en scène une cour décadente aux petits soins d’un roi (François 1er) volage et consommateur de femmes, qu’importe le prix. Société d’illusions et de paraître où l’on s’affiche à côté des puissants en sortant son iPhone dès que possible, façon de signifier que nous aussi, on en a (de l’argent, de l’influence…).

Hugo sous les boules à facettes avec des airs techno tapageurs ? Pourquoi pas, l’auteur français en a déjà vu d’autres, et des bien pires. Reste que l’on se lasse vite de cette mise en scène faussement rentre-dedans, à la distribution inégale. Heureusement, François Rancillac a l’intelligence et le savoir-faire d’un homme de théâtre, et laisse par moments respirer son spectacle, en faisant confiance à ses deux acteurs principaux : Linda Chaïb, d’une grande justesse dans le rôle de Blanche, chair fraîche naïve offerte aux bons plaisirs du roi ; et surtout Denis Lavant, comédien épatant qui campe un Triboulet (bouffon du roi et aussi père de la jeune fille) en équilibre précaire entre ses devoirs envers l’autorité et son rôle de tuteur se devant de protéger son enfant. Les deux, lors de la fin tragique, sont bouleversants, et c’est finalement quand on en revient simplement à Victor Hugo que le spectacle en devient meilleur. À nous d’y voir ensuite, en filigrane, les résonances avec notre monde contemporain. AM

LE ROI S’AMUSE
Samedi 9 octobre à 20h, à l’Hexagone (Meylan).

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