Haute voltige

En choisissant de draper le cirque traditionnel dans un univers baroque flamboyant, le Cirque Hirsute signe avec Toccata une pièce enchanteresse, qui ne renie pas ses origines acrobatiques tout en renouvelant le genre. Garanti sans clowns ni animaux ! Nadja Pobel

Un grand fracas. Tout commence par un orage et un piano qui tombe du ciel avec la force de la foudre. Bancal, bringuebalant et majestueux à la fois : il est à l'image du spectacle à venir. Il est désaccordé mais la diva Mariana Bevacqua le répare et fait en quelques instants de son instrument la pièce maîtresse de Toccata et le fil rouge de la pièce, transition entre les différentes parties. En fond de scène, le cirque est déjà là. Accrochée à un énorme lustre, une acrobate évolue entre les branches du luminaire aussi légèrement qu'un insecte entre des brindilles d'herbe. Elle rend l'extrême lourdeur de son outil (qui par ailleurs sert de contre-poids permanent au cours du spectacle) d'une infinie légèreté. Les trois autres acolytes qui entourent les jeunes femmes jonglent, voltigent, tournent dans des roues de Cyr (simples cercles) ou dans une roue allemande (composée de deux roues de Cyr reliées par des anneaux). Ils tombent également amoureux des demoiselles, se déchirent, inventant des historiettes aussi fraîches que les baisers qu'ils s'échangent subrepticement avant de se maudire. Sans construire une narration linéaire, la compagnie du cirque Hirsute distille des pastilles théâtrales dans un exercice circassien très maîtrisé et emmené par les fondateurs de la troupe, formés à l'École Supérieure des arts du Cirque de Bruxelles (ESAC), Mathilde Sebald et Damien Gaumet qui présentent là leur deuxième spectacle après Bal Caustique en 2006.Du neuf avec du vieux
A priori, le Cirque Hirsute ne cherche donc pas à révolutionner l'art du cirque. Les techniques utilisées sont ancestrales (le trapèze, le jonglage...) et, si certains ustensiles sont relativement neufs (la roue de Cyr a été inventée en 1995 par Damien Cyr du cirque québécois Éloize), les numéros de Toccata s'enchaînent presque comme sur une piste de sable. Ce spectacle se décline d'ailleurs en une version «théâtre de rue», dans un décor plus «populaire» qu'une arène de théâtre. Aux éléments basiques du cirque, la compagnie apporte un soin remarquable à l'univers baroque dans lequel elle a choisi d'évoluer. Point de Monsieur Loyal en queue de pie mais une pianiste chanteuse enserrée dans une magnifique robe volumineuse ou une trapéziste drapée comme une fée Clochette dans un des voiles scintillants blanc-neige. Ajoutez à cela un réel travail sur les lumières, la partition musicale, le chant et un habillage de scène en tentures aux couleurs chaudes. Voilà ce qui fait de Toccata un spectacle complet qui, sans prétention, mais avec talent et raffinement, parsème le plateau (et la salle) de féérie.Toccata
mardi 14 décembre à 20h, à la Rampe (Echirolles).

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