La fin d'un cycle ?

ANALYSE/ Cette affaire technique a priori anodine et centrée sur les seuls gérants de bar met néanmoins en lumière des questions beaucoup plus larges, comme l’on peut s’en rendre compte dans l’interview ci-contre. « Les artistes et producteurs doivent vivre de leur œuvre, les droits en font partie. Les montants perçus sont reversés aux bénéficiaires, sans passer par les caisses de l’État » explique la Spré sur son site internet. La Spré qui justifie cette hausse conséquente par le fait que « les tarifs n’avaient pas été modifiés depuis 1987 dans les lieux sonorisés. Ils étaient très bas, bien inférieurs à ce qui existe dans la plupart des pays européens similaires ». Plus loin, ils écrivent, en réponse à la question « l’augmentation est-elle la contrepartie à la crise du disque ? » : « Pas directement, mais l’économie du disque a changé depuis l’instauration de la rémunération équitable en 1987. Aujourd’hui, aucun album ne peut être produit sans l’apport des droits. » Les intentions ont le mérite d’être claires. Sur la première partie de la phrase, n’importe quel quidam peut évidement leur donner raison : l’économie du disque a changé. Après, comme on l’a souvent fait dans les colonnes de ce journal et sur notre site web, on peut simplement émettre des réserves sur la tournure que prennent les évènements. Pour sortir du simple exemple de cette taxe (nous ne sommes pas des professionnels du secteur, il ne nous appartient donc pas de juger de son montant), revenir au cas Hadopi paraît un bon point d’ancrage : cette loi ubuesque, de plus en plus contestée (même la Sacem y va de ses critiques), était présentée comme la seule façon de sauver les artistes, culpabilisant au passage ceux qui osaient émettre des doutes et oubliant sciemment d’explorer d’autres pistes de réflexion. L’argumentation de la Spré semble suivre cette logique, pouvant donner l’effet de professionnels la tête dans le guidon, que l’on regarde se battre désespérément pour sauver un mode de fonctionnement de plus en plus remis en question. Et justement, les initiatives de remise en question de ces fondamentaux, quoi qu’on en pense (toutes ne se valent pas), paraissent salutaires. AM

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Vendredi 28 janvier 2011 VIE NOCTURNE/ La Spré, société qui « perçoit le droit des artistes interprètes et producteurs de disque », a concocté l’année dernière un nouveau barème pour les lieux sonorisés. Résultat : les tarifs dont les bars à ambiance doivent s’acquitter...

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