Une chemise blanche qui s'ouvre pour découvrir le costume de Superman (avec son fameux S rouge sur fond jaune et bleu) : rien que de plus normal, nous sommes là face à la représentation d'un super héros. Il y a pourtant quelque chose qui cloche, les mains rentrant dans le cadre sont noires et bousculent notre perception habituelle.
Partant de ce constat, l'artiste d'origine togolaise Folly Afahounko se joue des attentes et des stéréotypes en incarnant toutes sortes de clichés dans des séries de photos simples, sobres et claires. Ici, les images de la publicité Banania – reste postcolonial maintes fois critiqué pour son ambiguïté raciste patente, aujourd'hui édulcoré mais dont le sens persiste. Là, son corps mimant le froid sous la neige, ou l'étonnement face à un steak tartare. La méconnaissance, la surprise et le cantonnement dans des cases trop étroites de la culture de l'Autre connaissent invariablement leur réciproque.
Lui débarque en France en 2002 en pensant trouver un eldorado, les « blancs » à qui il demande de venir poser pour lui, recouverts de chocolat noir, se rendent quant à eux spontanément à la séance photo munis de paréos, boubous et autres chemises tropicales, pour éprouver une gêne révélatrice à la vue du résultat. La forme va à l'essentiel, le message ne se pare pas de sous-textes encombrants. Car Folly Afahounko dénonce avec humour mais sans virulence, constatant la permanence persistante des idées reçues sans hurler à l'injustice, avec tout juste un sourire en coin. On lui en sait gré.
Laetitia Giry
Jusqu'au 19 février, au Vog (Fontaine)