Bergès, ouvre-toi

La Maison Bergès – Musée de la Houille blanche rouvre ses portes (si élégantes) après un lifting impulsé par le Conseil Général. Avis donc au visiteur curieux de découvrir l’histoire de la Houille blanche ou même, un nid de décoration art nouveau. Laetitia Giry (feat. FC)

Si l’endroit porte un nom double, c’est parce que tout ce qui fait d’un lieu un musée est contenu dans une maison autrefois habitée (comme par exemple le musée Hébert à la Tronche, qui présente une collection de peintures et des expositions temporaires dans l’écrin de la maison du peintre éponyme). Ici, c’est le « père de la Houille Blanche », Aristide Bergès (1833-1904), qui laisse à voir au public sa maison familiale, lieu de vie mais aussi théâtre d’innovations. Papetier de son état, cet ingénieur doué fut aussi un inventeur (déposant de multiples brevets, présentés lors du parcours dans la maison), et découvreur du potentiel de l’hydroélectricité. Vous saurez tout sur ce point en visitant les lieux, dont la scénographie a été élaborée de manière claire et pédagogique, avec un vrai souci du visiteur : objets, photos et textes sont semés en toute logique dans des salles à thème.Domicile
La demeure, inscrite dans une lignée de « maisons patronales » construites à l’avènement des premiers patrons de l’industrie, offre sa majesté et son cachet sans détour. Achetée en 1869, habitée en 1881, elle reflète les goûts de l’époque pour l’art nouveau et le mélange des styles. L’entrée, parfaitement improbable dans sa superficie et dans sa hauteur, annonce le soin du déséquilibre foisonnant. Mosaïques au sol, peintures murales géométriques ou motifs religieux, statue d’une femme nue au centre : l’association frôle le mauvais goût en y échappant avec brio. A l’étage, les papiers-peints justifient à eux seuls le déplacement : préservés en l’état depuis donc plus de cent ans, ils impressionnent par leur qualité et leur charme typique du fourmillement artistique de la Belle époque, prouvant au passage l’audace avant-gardiste des propriétaires. Du doré irisé à l’argenté clinquant, des fleurs en volutes aux couleurs du printemps jusqu’à la chaleur intense du rouge-grenat, chaque pièce voit son identité et son ambiance orientées par ces murs – véritables œuvres d’art. Au fil de la visite, l’on découvre les chambres où sont montrés dessins, tableaux et affiches de différents artistes de l’époque : dont ceux de Maurice (fils cadet d’Aristide), et, plus étonnant, quelques travaux d’un des plus grands représentants de l’art nouveau qui était aussi l’ami du même Maurice, Alfons Mucha. Ce dernier donne même son nom à l’une des chambres, c’est dire l’attachement de la famille au mouvement artistique qu’il incarne. Une incursion dans la Belle époque qui se vit avec un certain bonheur, d’autant que, si cette période revient à la mode (on pense au Minuit à Paris de Woody Allen, ainsi qu’aux différentes tendances rétro qui commence doucement à reculer dans le temps), elle n’est, en comparaison aux autres, que peu visible dans les musées français.Patrimoine mon amour
La réouverture de la Maison Bergès constitue un événement pour deux raisons : la première va de soi, elle concerne l’intérêt de préserver et faire partager le patrimoine qu’elle abrite. La seconde est plus collatérale : ce musée est le second musée départemental (après le musée archéologique, géré comme les autres par le Conseil Général de l’Isère) à rouvrir cette année. Le tout reflète un désir patent de ne pas laisser s’éteindre des pans d’Histoire dans l’indifférence, et, en ces temps de baisses drastiques des budgets, traduit du coup une orientation – si ce n’est une priorité - du Conseil Général en matière de politique culturelle ; un choix d’ailleurs pleinement assumé en tant que tel par son président André Vallini dans son discours lors de la réouverture officielle du lieu le 10 juin. Fermé en 2001 pour des raisons de sécurité, le site a vu ses travaux de restauration commencer en 2007 (soit avant la crise économique et ses sinistres répercussions actuelles, précisons-le), pour un budget total de 4, 3 millions d’euros. L’instigateur de la gratuité des musées départementaux en Isère confirme donc son pétulant attachement au patrimoine avec l’aboutissement de ce projet au long cours.Maison Bergès – Musée de la Houille BlancheRéouverture à Lancey (Villard-Bonnot)

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