Rage contre la machine

Même si son dernier album l’éloigne quelque peu de ses racines contestataires, le groupe anglais Asian Dub Foundation reste néanmoins une référence en termes d’engagement, de fusions musicales sans concessions et de grosse, grosse violence scénique. François Cau

Né au début des années 90 en Angleterre, dans un contexte de recrudescence raciste alimentée par les illuminés du British National Party, Asian Dub Foundation regroupe un peu moins d’une dizaine de musiciens d’origine indienne. Suite à une série d’ateliers destinés à apprendre la musique aux gosses défavorisés (l’initiative perdure toujours aujourd’hui, à l’instigation du groupe), les futurs artistes imaginent un son représentatif du pluralisme de leur identité : des instrus calées sur des schémas traditionnels indiens, d’importantes touches ragga et dub mais revisitées par des guitares rageuses tutoyant régulièrement l’énergie keupon, le tout encore relevé par des flows hip hop déclamant des textes pétris de revendications politiques, et inscrits dans un contexte social des plus hardcore. Ouf. La sauce musicale prendra illico, relayée par des performances live déjà homériques – mais le public anglais n’y sera pas immédiatement réceptif. Il faudra attendre leur deuxième album et le parrainage prestigieux des rockers quasi vétérans de Primal Scream (non contents de participer au single Free Satpal Ram, les écossais proposeront à Asian Dub Foundation d’assurer leurs premières parties durant l’été 1997) pour que le groupe se retrouve sur le devant de la scène britannique. En France, l’accueil est hystérique – tout lycéen ou étudiant avec ne serait-ce qu’une amorce de pensée politique SE DOIT d’avoir un disque, ou mieux, un t-shirt d’Asian Dub. D’albums en albums, le groupe défonce les stéréotypes racistes, les frontières culturelles, s’engage sur des causes que le public non anglophone peine à comprendre, se contentant de reprendre les refrains en chœur et de sauter en cadence. En 2011, les fans de la première heure, dans leur immense majorité, sont trentenaires, ont défait leurs dreads, ne lèvent le poing en concert que pour regarder leurs montres. Avec un peu de chance, ils ont adoré les ciné-concerts du groupe sur La Haine (en 2001) et La Bataille d’Alger (en 2004), et n’ont pas été témoins de leur vautrage sur la comédie musicale consacrée à Kadhafi (si, si). Ils ont écouté distraitement le dernier disque, le pas franchement revendicatif A History of Now, mais ont eu un sourire nostalgique en voyant les montages vidéos du Printemps Arabe réalisés sur des musiques récentes d’Asian Dub, reprises en boucle par les télés. Les fans originels ont grandi, mais il n’est pas exclu qu’ils se mêlent à la nouvelle génération qui viendra applaudir Asian Dub Foundation (notamment) à Cluses début juillet.Asian Dub Foundation
Jeudi 7 juillet, à Musiques en Stock

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