Les Nuits de Fourvière ne se contentent pas du théâtre, de la danse et de la musique pour faire scintiller les soirées lyonnaises. Le festival s'ouvre au cirque en formule solo ou troupe grâce à David Dimitri et la compagnie Circa. Découverte de ces spectacles qui ne cessent de réinventer l'art circassien ancestral. Nadja Pobel
« Je suis l'homme cirque », dit David Dimitri pour un spectacle qu'il n'a pas baptisé autrement que par ces mots-là. David Dimitri conduit ses deux semi-remorques jusqu'aux lieux de ses représentations, en déballe le contenu, monte le chapiteau avec les techniciens des lieux d'accueil, puis joue. Artiste, musicien, directeur de cirque et technicien de son spectacle, il s'assure ainsi une parfaite autonomie pour évoluer dans un univers qui ne ressemble à aucun autre. Cardigan, pantalon de costard, voici le funambule qui rebondit sur un fil à trois mètres de hauteur comme s'il était sur un trampoline au sol. Sa souplesse et son agilité font le reste. Et voilà qu'il s'allonge sur ce fil, sous les yeux ébahis des enfants et des grands. Il entonne un air de trompette ! David Dimitri n'invente rien. Il se sert des techniques du cirque traditionnel apprises au cours de sa formation à la State Academy for Circus Arts de Budapest puis dans la prestigieuse école de danse Juilliard School de New York. Et puisqu'au cirque il y a des chevaux, il y en a chez Dimitri aussi. Mais le sien est en bois, immobile. En courant sur place à côté du faux animal, il déclenche l'hilarité et confère à son spectacle une atmosphère poétique inattendue.
Démultiplication
À l'inverse dans Circa, l'essence même du spectacle est le collectif et la manière qu'ont chacun des sept artistes de se mouvoir les uns par rapport aux autres. Leurs gestes, ce qu'ils induisent chez leur partenaire, est la colonne vertébrale de cette création de la compagnie de Brisbane qui ne compte plus ses tours du monde. Jacques Brel ou des grands airs de la musique classique accompagnent ces circassiens qui ont quasiment tous une formation d'acrobates, de voltigeurs quand ils ne sont pas gymnastes. Au plateau, rien que de plus conventionnel a priori : des diagonales dignes des championnes olympiques de GRS, des jeux avec les outils habituels du cirque (une corde, un trapèze...) mais il y a toujours un corps tangent, un accroc qui donne tout son souffle au spectacle, comme un acteur qui, au cours d'une pyramide, ne se positionne pas verticalement mais en angle déséquilibrant l'ensemble tout en lui donnant de la force. À la limite du surréalisme, le collectif Circa, emmené par son directeur artistique Yaron Lifschitz, ne crée pas un spectacle narratif mais invente un langage qui lui est propre, plus littéraire qu'il n'y paraît.
Les Nuits de Fourvière
À Lyon
Jusqu'au 31 juillet (L'Homme cirque du 12 au 31 juillet, Circa les 20, 21 et 22 juillet)