Doisneau, grand et fameux photographe français, a plus d'un tour dans son sac... Le Musée de l'ancien évêché a ainsi déniché plus d'une centaine de clichés effectués dans ce qui fait la fierté de notre région : les Alpes. Un parcours ni transcendant, ni très excitant, mais dont l'intérêt pour les amoureux de Doisneau ou des montagnes est indéniable ! Laetitia Giry
On connaît bien Robert Doisneau pour ses photos de Paris : de ses amoureux à ses travailleurs, de ses parcs à ses rues... Tout un folklore qui explique à la fois sa renommée mondiale et la tendresse générale éprouvée par les Français à son égard. D'abord illustrateur pour des magazines, comme le montre la série effectuée pour le magazine Vogue – amusantes prises de vue de mannequins bien réelles, pas encore déformées par les facéties de Photoshop –, il fut surtout un "reporter photographe" et un expérimentateur gourmand. L'exposition Les Alpes de Doisneau nous propose un parcours plus intime, dans le sens où nous découvrons là des photos de vacances, d'amis, prises à l'époque où il n'était pas un artiste célébré mais un producteur d'images à la commande.
Regarder partout
Lui qui se considérait comme un artisan (et nous le rejoignons assez sur ce point), refusait tout sec une quelconque réflexion sur son travail ; l'une de ses filles rapporte ainsi ses propos : « Si tu fais des images, ne parle pas, n'écris pas, ne t'analyse pas, ne réponds à aucun questionnaire. Suggérer, c'est créer, décrire c'est détruire. » Entre les années 1930 et 1960, la famille Doisneau (Pierrette, Robert, et leurs deux filles) se rend régulièrement dans la région des Alpes pour les vacances. Le patriarche et photographe ne quitte pas son appareil et continue de saisir les scènes qui se présentent à lui : découverte des sports d'hiver et de la photogénie de la neige, de Laffrey, Chamonix ou Megève... Si l'on parle de "scènes" plutôt que d'instants saisis sur le vif, c'est que nombre des clichés qui défilent, un peu répétitifs, dévoilent sans fard leur caractère "mis en scène". Comme la plus fameuse de ses photographies, le baiser des amoureux (Baiser de l'hôtel de ville), beaucoup sont le fruit d'un agencement et d'une préméditation du photographe. Mais tous, il faut bien le reconnaître, sont aussi le fait d'un regard compatissant et curieux. Si les sujets semblent autant à l'aise, c'est que la caractéristique qu'on lui attribue le plus souvent ne doit pas être volée : Doisneau est un humaniste.
Les Alpes de Doisneau, jusqu'au 14 avril au Musée de l'ancien évêché