On ne peut pas appréhender le travail de Dan Perjovschi sans se pencher sur son histoire ; cela reviendrait à passer à côté d'un pan important de son œuvre. Né en 1961 en Roumanie, l'artiste a grandi sous la dictature de Nicolae Ceausescu pour ensuite vivre la révolution de 1989 qui a changé son rapport au dessin (lire son interview).
Auparavant illustrateur de presse, Dan Perjovschi s'ouvre rapidement à l'art avec ce besoin vital d'avoir plus de possibilités pour s'exprimer. Car l'artiste dessine le monde, dans son entière complexité, et son trait, humoristique ou satirique, devient le miroir de nos sociétés détraquées. Engagé socialement, il s'intéresse au capitalisme, à l'ostracisme, à la religion... : tout fait d'actualité devient matière à image. Avec une ligne directe et incisive, il libère sa pensée afin d'ouvrir le débat.
Pour son exposition à Grenoble, l'artiste a passé 10 jours dans la ville, s'imprégnant du contexte et du moment. Au gré de ses déambulations, des croquis sont apparus dans son carnet qui a servi de base au montage. Sur les murs noirs de la pièce centrale du centre d'art s'affichent ainsi des symboles grenoblois même si 50% de l'ensemble provient d'anciennes productions. Les événements s'imbriquent les uns aux autres comme un puzzle absurde que l'on refait sans cesse.
Plus loin dans l'expo, dans l'allée centrale du Magasin, un labyrinthe vitré intitulé Transparent retrospective déploie 26 panneaux. Réalisée en 2012 pour une exposition à Tours, l'œuvre présentait une vingtaine de panneaux, dont un pour chaque année. Pour Pression, liberté, expression, l'artiste en a rajouté trois et esquisse alors un panorama universel d'un monde qui tourne en rond. Jouant d'un dessin minimaliste, décortiquant le mot, Perjovschi commente ce qu'il vit pour interroger nos certitudes avec un goût certain pour la protestation et un art anticorformiste.
Pression liberté expression, jusqu'au dimanche 26 juillet, au Magasin