Fondateur et tête pensante du célèbre label électro Ed Banger, Busy P alias Pedro Winter n'était encore jamais venu jouer à Grenoble. Du coup, on a saisi l'occasion pour lui poser quelques questions.
Ed Banger a depuis ses débuts un panel d'artistes très diversifié, puisant dans de multiples influences. Mais pendant longtemps, le son et l'identité du label ont souvent été réduits par le grand public à celui de ses artistes phares – Justice, Cassius, Sebastian... Pensez-vous que ces dernières années, le regard du public sur le label a évolué ?
Pedro Winter : Vous avez tout résumé, mais je n'ai jamais vu ce regard sur le label comme une chose négative. C'est le jeu. Effectivement, Justice et Sebastian, par exemple, ont des identités très fortes. Leur son est ultra-identifiable et a marqué la scène électronique. Donc c'est une chose dont nous sommes fiers. C'est vrai que par la suite, essayer de proposer autre chose sur Ed Banger devenait plus compliqué. J'aime les routes truffées d'embûches ! Sortir les disques de Mr Flash, Feadz, Mickey Moonlight et Krazy Baldhead était vital pour un label qui cherche à ouvrir son champ d'action, sa proposition tout simplement. Je pense que nous avons réussi à transformer la dynamique de groupe, que les locomotives du label ont permis d'éclairer les moins connus. Nous fêtons les douze ans du label, nous avons encore beaucoup de boulot !
À vos cotés à Grenoble, on retrouvera Boston Bun, qui a rejoint la team Ed Banger en 2012. Qu'est-ce qui vous a séduit dans sa musique ?
Signer Boston Bun en 2012 a été une étape importante. Il représentait un axe musical que je souhaitais remettre en avant sur le label. DJ Mehdi et Riton avaient commencer ce chapitre "house" avec leur projet Carte Blanche. Boston Bun se place dans la continuité tout en modernisant le propos. C'est quelqu'un qui a une approche de la club culture et de la house music assez proche de la mienne. On se retrouve sur plein de points. C'est justement cet échange qui m'a séduit et me conforte depuis ces trois ans de collaboration. Nous avons quelques années d'écart, il y a un vrai dialogue musical entre nous. Sur scène, ça se traduit par des sets de 3h à quatre mains où on fait danser les gens. Ses deux derniers EPs, Just for Freaks I & II, sont un hommage à une musique club spontanée, hédoniste, parfois sombre, taillée pour les dancefloor.
Piu Piu, qui jouera également à vos côtés, est sur une pente ascendante ces derniers temps... Qu'est-ce qui fait à vos yeux sa spécificité ?
Piu Piu est très présente sur la scène parisienne avec son collectif Girls Girls Girls. En plus d'aimer la fête, elle aime aussi s'aventurer dans des contrées sonores lointaines. C'est ce mélange d'avant-gardisme musical et de maîtrise du dancefloor qui en fait une excellente DJ.
Just For Freaks avec Busy P, Boston Bun et Piu Piu, samedi 30 mai à la Belle électrique