Muséum de Grenoble : « On conserve du témoignage »

Troisième vie

Muséum

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L’exposition "Troisième Vie" lève le voile sur le fonctionnement du Muséum de Grenoble en revenant sur vingt ans d’acquisitions de minéraux, d’animaux naturalisés et de plantes. Rencontre avec Joëlle Chiche et Pascal Decorps, les deux commissaires de l’exposition. Propos recueillis par Nathan Chaudet

Pourquoi une exposition sur « vingt-cinq ans d’enrichissement des collections du Muséum » ?

Pascal Decorps : L’idée était de montrer aux Grenoblois la qualité de leur patrimoine. On a quelques merveilles dans les réserves, des trésors du patrimoine naturel. Nous souhaitions rendre au public ce qui avait été acquis sous forme d’achats ou de dons par le Muséum depuis 25 ans, que ce soit des animaux, des roches ou des plantes. Voir du beau mais aussi du scientifique, le tout rassemblé en un seul lieu.

Joëlle Chiche : Le but était aussi de pouvoir expliquer l’intérêt des missions des musées et des muséums en particulier : pourquoi on acquiert ? À quoi ça sert ? On ne se contente pas de récupérer des pièces pour les récupérer, on conserve du témoignage. Nous sommes tenus, entre autres, d’assurer la conservation du patrimoine en conservant des pièces d’importance historique, scientifique. On a un rôle pédagogique.

D’où viennent tous ces trésors ?

PD : Ce sont souvent les parcs zoologiques ou les réserves naturelles comme le Vercors ou les Écrins avec lesquelles nous sommes en relation régulière qui nous appellent, quand un animal meurt par exemple.

JC : Mais ça dépend de la collection. La partie botanique provient essentiellement de dons alors qu’en minéralogie, il s’agit plus d’achats.

PD : Dans tous les cas, que ce soit un don ou un achat, les personnes viennent nous voir pour nous proposer les pièces. C’est très rare que l’on fasse la démarche nous-mêmes, sauf quand il y a des ventes aux enchères, comme pour la dent de narval par exemple [une défense de presque 2 mètres située sur la tête du cétacé. Elle a été acquise pour 16 740 euros ce qui en fait la pièce la plus chère de l’exposition – NDLR].

Pourquoi ces personnes donnent-elles alors qu’elles pourraient gagner de l’argent ?

PD : On leur a posé la question. La plupart souhaitent avant tout que la collection qu’ils ont montée ne soit pas dispersée ; d’autres veulent aider à constituer des collections de référence pour des passionnés. Généralement, ces personnes ne font pas cela pour s’enrichir, c’est un travail de passion.

La faune et la flore alpine ont toujours été très importantes au sein du Muséum de Grenoble. Comment se fait l’équilibre avec les pièces étrangères ?

JC : Encore une fois, ça dépend des collections. On a un axe régional très développé au niveau de la botanique à travers nos herbiers dauphinois qui servent de références internationales. Pareil pour la collection minéralogique, sauf qu’on y trouve aussi des roches du monde entier – les deux axes sont développés.

PD: Ce qu’on fait aujourd’hui reste dans l’esprit qui a entouré la création du muséum. Dès le début, les collectes locales se sont mélangées aux pièces exotiques ramenées par des riches négociants, des marchands ou des voyageurs. Il y a toujours cette dualité entre la partie régionale et la partie exotique.

Et comment se passe ce processus d’acquisition ?

JC : Pour commencer, les chargés de collection examinent la collection ou la pièce en question pour voir si elle est en bon état et si elle présente un intérêt scientifique, patrimoniale ou pédagogique. Tout le monde est plus ou moins spécialisé dans un domaine différent. Une fois ces éléments en main, nous rédigeons un rapport qui sera examiné par la directrice. C’est elle qui prend la décision in fine. Par contre, si nous souhaitons protéger une acquisition sur le long terme, il faut la faire rentrer dans la collection « Musée de France ». On dépose alors un dossier à la commission régionale d’acquisition qui est indépendante du muséum. Cette commission donne donc un avis qui est complété par la décision du conseil municipal de Grenoble [le musée est municipal – NDLR].

PD : Le prix est aussi un critère, on part avec un budget spécifique. On n’est pas là pour dilapider l’argent du contribuable.

Dans quel cas refusez-vous une pièce ?

PD : Pour vous donner un exemple, on nous apporte souvent des écureuils ou d’autres espèces comme des moineaux ou des pigeons car ces animaux peuvent être amenés à mourir dans les villes. Évidemment, on ne peut pas accepter toutes ces contributions. Comme pour les cristaux, certains sont parfois magnifiques mais ils n’entrent pas dans l’esprit d’une collection « Musée de France ». Nous recherchons des pièces exceptionnelles au niveau scientifique, esthétique ou historique. On n’est pas sur le côté affectif que le collectionneur pourrait avoir chez lui.

JC : Les ensembles très cohérents nous intéressent aussi beaucoup, comme la collection de 1000 boîtes de papillons que nous avons reçue l’année dernière qui, en plus, a un réel intérêt scientifique.

Troisième Vie : quand les acquisitions s'exposent, jusqu’au dimanche 15 novembre au Muséum de Grenoble

L’expo

« C’est comme un musée mais sans tableau. » Voila ce qu’on peut lire sur un panneau de l’Orangerie qui regroupe des témoignages d’enfants tentant d’expliquer ce qu’est un muséum. C’est bien sûr plus compliqué que ça et l’exposition est là pour répondre à cette question. Elle revient donc sur 25 ans d’acquisitions à travers une centaine de pièces triées par collections allant du tigre naturalisé (car on ne dit plus empaillé) au fossile vieux de plusieurs millions d’années jusqu’à des pièces d’ethnologie. Accessible à tous, elle est destinée autant aux enfants pour qui des animations sont prévues cet été qu’aux adultes curieux.

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