Mardi 28 juin 2016 Du vendredi 1er au dimanche 3 juillet sera inaugurée à Saint-Théoffrey la Maison Messiaen, demeure dans laquelle le compositeur vécut aujourd'hui transformée en résidence d'artistes. On vous en dit plus.
Le ciel, les oiseaux et Olivier Messiaen
Par Régis Le Ruyet
Publié Mardi 28 juin 2016
Photo : Fondation Olivier Messiaen
Regards sur les oiseaux
Eglise d'Oris-en-Rattier
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Ce week-end, l'événement aura lieu à Saint-Théoffrey, à trente minutes au sud de Grenoble. Sera ainsi inaugurée la Maison Messiaen, du nom de l'illustre musicien français qui, une partie de sa vie, vécut ici, au bord du lac de Laffrey. Alors avant de profiter de trois jours de concerts gratuits dans un cadre magnifique, on revient sur la vie d'un homme qui fut l'un des compositeurs de musique contemporaine les plus influents du siècle dernier.
Il faut remonter plus de cent ans en arrière pour retrouver les premières traces d'Olivier Messiaen, compositeur et organiste amoureux de la nature et transcripteur de ses pépiements. Et il faut s'éloigner du cadre splendide de Saint-Théoffrey dans lequel il composa une grande partie de ses œuvres (Réveil des oiseaux en 1953, Catalogue d'oiseaux en 1956 pour le côté nature ; Vingt Regards sur l'Enfant-Jésus en 1944, Saint François d'Assise en 1975 pour le côté religieux) et descendre plus au sud.
Fils du professeur d'anglais Pierre Messiaen et de la poétesse Cécile Sauvage, (qui, pendant la maternité, coucha sur papier le prophétique « Je souffre d'un lointain musical que j'ignore »), Olivier Messiaen voit le jour le 10 décembre 1908 à Avignon, avant de partir faire ses premiers pas en Auvergne. Sauf qu'en 1914, le tocsin annonce la Première Guerre mondiale. Le père est mobilisé. La famille Messiaen se réfugie alors à Grenoble auprès de l'oncle chirurgien. C'est ici qu'Olivier découvre en autodidacte le piano et, le dimanche, les montagnes du Dauphiné. Des paysages qui, comme Hector Berlioz avant lui, le subjugueront toutes sa vie.
Enfant prodige
La légende se met en marche : à huit ans, quand d'autres enfants se contentent de grimper aux arbres, lui compose sa première pièce au piano (La dame de Shalott) et demande en cadeau de Noël des partitions comme celle de La Damnation de Faust de Berlioz. Chacun ses plaisirs. La guerre finie, au gré des mutations professionnelles, le foyer suit le patriarche à Nantes puis Paris où, à onze ans, il est admis au Conservatoire. En onze autres années, il glane ses prix d'harmonie, de fugue, de contrepoint, d'accompagnement au piano, d'histoire de la musique, d'orgue, d'improvisation à l'orgue, et enfin de composition. Classe.
Puis il devient, à vingt-deux ans, le plus jeune titulaire du grand orgue Cavaillé-Coll de l'église de la Trinité, à Paris. Une responsabilité qu'il assume jusqu'au dernier jour avec seulement deux pauses : l'une lors de sa captivité à Görlitz en Allemagne de 1940 à 1941, où il écrira son plus célèbre Quatuor pour la fin des temps ; l'autre lors de la réfection de l'instrument entre 1964 et 1966.
Nature et découvertes
Au printemps 1936, avec les compositeurs André Jolivet, Daniel Lesur et Yves Baudrier, il fonde le groupe Jeune France. Sous la bannière « Sincérité, générosité, conscience », le quatuor aspire à promouvoir la nouvelle musique française. Mais pour la seconde fois, l'Europe entre dans la tragédie. Fait prisonnier en tant que soldat, Olivier Messiaen ne rentre de captivité qu'en mars 1941. À son retour, il devient professeur au Conservatoire de Paris. Il enseigne l'art de la composition à la jeune génération : Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen ou encore Iannis Xenakis seront parmi ses brillants élèves.
En 1975, il amorce le projet le plus ambitieux de sa vie : l'opéra Saint François d'Assise. Un travail qui l'occupe pendant huit années. Il y combine toutes ses techniques et influences : la religion, la richesse rythmique des decî-tâlas indiens qu'il a découverts adolescent en furetant dans les rayonnages du Conservatoire, les couleurs et surtout les oiseaux. Car c'est une drôle de passion qui enrichira son art et lui assurera une grande renommée : à partir de ses dix-huit ans, suivant les conseils de son professeur de composition et d'orchestration Paul Dukas, il se met à collecter à sa façon des chants d'oiseaux. Dès lors, il parcourt le monde le crayon à la main en notant les trilles des volatiles.
Doué, comme Franz Litz, de faculté synesthésie (un phénomène neurologique par lequel plusieurs sens sont associés), son esprit convertit ainsi en musique les couleurs de la nature. Des harmonies rares qu'il vient transcrire à partir de l'été 1936 face aux cimes, dans sa maison du lac de Laffrey. Une maison qu'il arpente entre trois et quatre mois par an jusqu'à la fin de sa vie, le 27 avril 1992, quelques mois avant la première de son opéra au Festival de Salzbourg. Et une maison qui aujourd'hui porte son nom.
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Côté vie privée
Olivier Messiaen se marie en 1932 avec la violoniste et compositrice Claire Delbos avec qui il a un fils unique (Pascal) qu'il élève seul après la disparition tragique de son épouse en 1959. Il se remarie ensuite en 1961 avec la pianiste Yvonne Loriot, qui était son élève au Conservatoire de Paris. Il lui dédiera l'essentiel de ses œuvres pour piano comme soliste comme Vingt Regards sur l'Enfant-Jésus ou la plus monumentale Turangalîla-Symphonie. À la mort d'Olivier Messiaen, elle crée une fondation chargée du rayonnement et de la défense de l'intégrité de l'œuvre de son mari. Elle meurt en 2010.
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