de Javier Fesser (Esp, 1h58) avec Javier Gutiérrez, Jesús Lago, Roberto Sanchez...
Après un mouvement d'humeur et un excès de vitesse alcoolisé, Marco, entraîneur de basket pro, est condamné à un travail d'intérêt général : former une équipe de sport adapté composée de joueurs en situation de handicap. D'abord révulsé et réticent, Marco finit par s'adapter lui-même à l'enjeu...
Les films populaires traitant du handicap se voient souvent intenter un procès en illégitimité au motif que des auteurs (et surtout des comédiens) pas directement concernés par le sujet donneraient une interprétation forcément inexacte ou caricaturale, voire empêcheraient des acteurs en situation de handicap d'être choisis pour incarner les rôles principaux. Si leur sous-représentation à l'écran – comme dans la société – est effectivement sujette à débat voire depuis 2005 en contravention avec la loi, tout ce qui participe d'une meilleure visibilité des handicaps, donc de leur déstigmatisation, d'Intouchables à La Famille Bélier, est toujours bon à prendre.
Champions conjugue plusieurs atouts en étant une comédie (certes ultra classique dans son mélange du burlesque de la situation et de l'émotion) sur un type à l'ego hypertrophié apprenant énormément de ceux qu'il supposait dénués de savoir. Marco fait office de "passeur" pour le spectateur lambda, qui s'identifie à lui dans sa découverte du sport adapté et de ses pratiquants.
Le réalisateur espagnol Javier Fesser tire parti de sa troupe mêlant des comédiens "avec ou sans" (on ne dispose pas hélas en français de l'équivalent du syntagme disabled/not disabled jadis utilisé par Obama, inversant le doublet habituel en : handicapé/non handicapé) pour donner sa vérité au film. En n'hésitant pas à être cru dans le dialogue, à traiter sur un mode comique dépourvu de toute moquerie l'apprivoisement mutuel entre l'entraînement et les joueurs, mais également à fuir la compassion de dame-patronnesse, le cinéaste a choisi la bonne tactique : il gagne son pari. Et son match.